Une équipe internationale s’est donc donné pour objectif d’étudier l'association entre l'apport en macronutriments et la mortalité de toutes causes ainsi que la mortalité cardiovasculaire afin d’en tirer des éléments objectifs pour établir les meilleurs conseils diététiques. L’étude prospective a analysé les données de l’étude UK Biobank. 195 658 des 502 536 participants de UK Biobank ont rempli au moins un questionnaire alimentaire et ont été inclus dans les analyses. Leur régime était analysé à partir de l’Oxford WebQ, un questionnaire rempli en ligne pour lequel les patients devaient se rappeler ce qu’ils avaient mangé dans les 24 dernières heures ; les consommations des nutriments étaient ensuite estimées à partir d’une méthodologie standard. 4 780 participants, soit 2.4 % sont décédés au cours des 10.6 (9.4 à 13.9) années de suivi, 948 (0.5 %) ont eu des événements cardiovasculaires fatals et 9 776 (5 %) des événements cardiovasculaires non fatals. Une association non linéaire a été trouvée pour plusieurs macronutriments. La consommation de glucides était associée de manière non linéaire avec la mortalité : pas d’association lorsque les glucides comptaient pour 20 à 50 % de la consommation énergétique totale mais une association positive lorsqu’ils représentaient 50 à 70 % de la consommation énergétique totale (3.14 vs 2.75 pour 1000 personnes/année ; hazard ratio moyen = 1.14 ; IC 95 % = 1.03 à 1.28) lorsqu’on comparait 60-70 % à 50 %. Une association similaire était observée pour la consommation de sucres mais non pour celle des féculents ou des fibres. Une consommation supérieure de graisses mono-insaturées (20-25 % vs 5 % de la ration énergétique) était associée à un risque inférieur de mortalité (2.94 vs 3.5 pour 1000 personnes/année, hazard ratio moyen = 0.58 ; 0.51 à 0.66). Il en était de même lorsque la consommation de graisses polyinsaturées était moindre (5.7 % vs 12 % de la consommation énergétique) avec une mortalité de 2.66 vs 3.04 pour 1000 personnes/année et un hazard ratio moyen de 0.78 (0.75 à 0.81), et lorsque celle des graisses saturées était également moindre (5.10 % vs 20 % de la consommation énergétique) ce qui réduisait la mortalité : 2.66 vs 3.59 pour 1000 personnes/année, soit un hazard ratio moyen de 0.67 (0.62 – 0.73). Ceci a donc permis de développer une matrice de risque alimentaire afin d’illustrer comment les conseils diététiques pouvaient être donnés à partir de ces éléments. En conclusion, de nombreuses associations entre la consommation des macronutriments et les paramètres de santé sont non linéaires. Les conseils diététiques doivent donc être ajustés à la consommation actuelle. Les recommandations diététiques sur les macronutriments (par exemple les glucides) doivent aussi prendre en compte le fait que les effets peuvent dépendre du type de glucide (par exemple le sucre et les féculents).
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