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Généralistes, ils veulent être élus députés : "Le médecin soigne, le politique apporte des solutions"

En route vers l’Assemblée nationale ? A deux jours du premier tour des élections législatives, ce dimanche 12 juin, trois médecins généralistes qui se sont lancés dans la course ont accepté de se confier. Pour Egora, ils reviennent sur ce qui les a poussés à faire de la politique et sur les causes qu’ils défendent : la fin des 35 heures, le Grand âge, la décroissance ou encore l’écologie. Témoignages.

 

"Faire de la politique, c’est une autre façon de s’occuper des gens"


DR

Dr Jean-Pierre Pont, 72 ans, généraliste à Neufchâtel-Hardelot (Pas-de-Calais) et candidat sous l’étiquette Ensemble ! dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais.

"Je suis né le 9 mai 1950 au Portel, dans le Pas-de-Calais. Je suis un médecin retraité actif. J’ai été maire de Neufchâtel-Hardelot de 1989 à 2017, date à partir de laquelle j’ai dû laisser ma place à mon adjointe après avoir été élu député. J’avais déjà été député de 1993 à 1997 en tant que centriste (CDS). Je continue aujourd’hui dans ma lancée en tant que candidat Ensemble ! Dans la mesure où on ne peut plus être député-maire, on a très peu de contact avec la population, faire quelques consultations me permet de maintenir ce lien. Je suis associé donc je m’arrange avec mon confrère car je dois parfois m’absenter pour aller à Paris. Je reçois généralement mes patients les lundis, vendredis et samedis. J’avoisine plus les 70 heures hebdomadaires que les 35 heures (rires).

 

"Le médecin soigne, le politique apporte des solutions"

J’ai été interne pendant 5 ans à l’hôpital de Lens. J’aurais aimé faire de la chirurgie mais je me suis finalement dirigé vers la médecine générale. Après mes études à Lille, j’ai souhaité revenir sur mes terres natales. Pourquoi j’ai souhaité en suite faire de la politique ? Car pour moi un médecin s’occupe des gens, de leur santé, faire de la politique c’était une autre façon de s’occuper des gens, sur le plan économique, enseignement, etc. Entre politique et médecin, je trouve un parallèle. L’un comme l’autre doit écouter, l’un comme l’autre fait un diagnostic, et après le médecin essaie de soigner, et le politique d’apporter des solutions.

J’ai déjà beaucoup discuté avec Brigitte Bourguignon car on est voisins [elle brigue un nouveau mandat dans la 6e circonscription, NDLR]. On se connaît depuis très longtemps. J’ai une oreille attentive. Au niveau de la santé, il y a selon moi trois priorités : le manque de médecins d’abord. Sur ce point, Brigitte Bourguignon n’y pourra rien car bien que le numerus clausus ait été supprimé, il va falloir attendre 9 à 10 ans avant que les généralistes ne soient formés. Deuxièmement, l’intérim :  il y a des médecins qui sont hospitaliers mensualisés et qui touchent entre 3.000 et 4.000 euros et ces derniers voient passer des vacataires qui touchent quasiment 2.000 euros par jour. Ce n’est pas possible : on ne peut pas accepter que des vacataires gagnent autant en 3 ou 4 jours que celui qui va se taper toutes les gardes. La troisième chose, c’est de foutre en l’air les 35 heures. Ça a plombé l’ensemble de l’économie française, mais particulièrement les hôpitaux. Des personnels ont des centaines d’heures en rab qui ne seront jamais payées. On ne peut pas continuer comme ça, surtout dans l’état actuel des choses.

 

"La coercition, je m’y oppose fermement"

Brigitte Bourguignon a annoncé quelques mesures [pour l’hôpital], je crois que cela va dans le bon sens. Mais elle essaie de parer au plus vite, car les déserts médicaux, ce ne sont pas seulement la Dordogne ou la Lozère… C’est partout en France. C’est aussi pour cela que je continue mon exercice. A Dannes, les habitants ont déjà perdu le médecin. Chez nous, nous en avons perdu 2. J’essaie de tenir. Par rapport aux déserts médicaux, j’ai évoqué à la Première ministre l’idée d’autoriser les généralistes à avoir un cabinet secondaire dans tel ou tel village, au sein duquel ils pourraient assurer une demi-journée pour apporter une médecine locale à ceux qui rencontrent des difficultés à se déplacer. Quitte à leur payer une visite à domicile : 35 euros au lieu de 25 euros. Ce serait attractif.

La coercition, je m’y oppose fermement. On va obliger les médecins à se terrer dans un coin et après ils repartiront. Je suis encore dans l’état d’esprit du médecin de famille qui les suit. Ça fait 40 ans que j’exerce. Je commence à soigner des petits-enfants de personnes que j’ai accouchées. A chaque fois qu’il y a eu à l’Assemblée des propositions de coercition, j’ai toujours été contre. Même les incitations pécuniaires sont ridicules. On devrait plutôt diminuer les charges. Si on veut inciter les médecins, on doit leur dire que pendant 1, 2 ou 3 ans ils seront exonérés de charges (Urssaf et Carmf), à condition que les points comptent.

 

"J’ai été rapporteur de 10 lois sur le Covid"

Durant mon premier mandat avec La République en marche, j’ai eu deux chevaux de bataille : le Brexit et les licences pour les bateaux à se disputer, Boulogne-sur-Mer étant le premier port de pêche de France. Sur 12 lois en lien avec le Covid, j’ai aussi été rapporteur de 10 d’entre elles. Ça m’a occupé un certain temps, même des nuits complètes ! La première semaine de juillet 2021, on a dû faire entre 110 et 120 heures de travail dans l’hémicycle. Sur la réintégration des soignants suspendus, je pense que ceux qui ne veulent pas se faire vacciner sont de drôles de médecins. En sachant les conséquences qu’ils peuvent entraîner – pour leurs patients ou pour eux-mêmes, je ne comprends pas. Quand on prête le serment d’Hippocrate, c’est Primum non Nocere (ne pas nuire).

 

"On va avoir des jours et des nuits extrêmement difficiles"

Quelques sondages disent qu’on devrait avoir un duel Ensemble !/Rassemblement national au second tour dans ma circonscription. Les Mélenchonistes sont aussi très présents et commencent à prendre des parts au RN. Dans le Pas-de-Calais, il suffit de regarder les résultats du deuxième tour de la présidentielle, Emmanuel Macron n’a été devant que dans 2 des 12 circonscriptions. Dans les 10 autres, Marine Le Pen est arrivée en tête. Je suis « le mieux loti » car c’est dans ma circonscription que Marine Le Pen a réalisé le moins bon score lorsqu’elle était en tête. Qu’ils soient de droite ou de gauche, je ne supporte pas les extrêmes. J’ai vraiment peur. Car certains électeurs ont des œillères. Je pense toutefois qu’Emmanuel Macron aura sa majorité, plus ou moins courte ça c’est sûr. Compte tenu de mon expérience de rapporteur, je pense qu’on va avoir des jours et des nuits extrêmement difficiles. On a eu des milliers d’amendements notamment des Insoumis et des heures de discussion parfois perdues car c’était clairement pour faire de l’obstruction. S’ils sont une centaine, je ne sais pas comment ça va se passer. Sans compter une centaine de députés RN. Le temps passé va être incommensurable."

 

 

 "Je veux défendre ceux qui n’ont pas le temps pour le faire"



Dr Blaise Corbery, 31 ans, généraliste remplaçant à Caen, candidat dans la 1ère circonscription du Calvados sous la bannière Décroissance élections, un collectif de citoyens.

"J’ai fait mon externat à Tours puis mon internat à Angers. En internat, j’ai d’abord fait 4 ans de chirurgie urologique avant de me réorienter en médecine générale. Il ne me restait plus qu’un an mais la chirurgie était hyper chronophage. Cela a toutefois été difficile de quitter cette spécialité parce que je l’aimais, j’étais bien dedans mais je ne pensais qu’à cela. Il n’y avait plus que le boulot à mes yeux, je délaissais d’autres passions notamment le sport, le monde associatif, la politique – c’est-à-dire essayer de changer les choses autrement que par le métier de soignant. Je délaissais aussi mes proches. Il a fallu faire des choix de vie.

Quand j’ai arrêté – un ou deux ans avant le Covid...

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