
Flambée des charges, baisse des prix des médicaments… Les pharmaciens alertent sur la mauvaise santé des officines
Un récent sondage réalisé par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (Uspo) témoigne du "malaise généralisé" de la profession, en lien avec une situation économique des officines alarmante et des réponses, notamment conventionnelles, insuffisantes.

80%. C'est le pourcentage de pharmaciens d'officine qui estiment que leur situation économique (niveau de trésorerie et de rentabilité) s'est dégradée depuis trois ans. En cause : "la flambée des charges, notamment salariales", "la baisse continue des prix des médicaments et des dispositifs médicaux", ou encore "la perte de certains produits comme les produits de contraste" qui ont contribué à "alourdir considérablement les dépenses des officines", liste l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine qui a sondé la profession.
Cette situation économique compliquée a empêché plus de la moitié des pharmaciens d'officine ayant répondu au sondage (3 100 réponses ont été récoltées au total, ce qui représente 15% de la profession) d'investir dans leur officine l'an dernier, "faute de moyens suffisants". "On constate aussi que 84% d’entre eux jugent que les ressources humaines demeurent un vrai problème, que ce soit pour recruter du personnel ou pour le fidéliser", ajoute l'Uspo dans un communiqué.
En juin dernier, un avenant conventionnel signé par la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) – syndicat majoritaire – a tenté d'apporter une première réponse, en réhaussant notamment la rémunération de la réalisation par le pharmacien de Trod angine et de bandelette urinaire en cas de cystite simple, ainsi que la délivrance d'antibiotiques le cas échéant, mais aussi en revalorisant l'honoraire de dispensation et la permanence des soins, et en instaurant une aide financière pour les officines isolées en difficulté.
Mais celui-ci ne semble pas avoir convaincu la profession, puisque 97% des répondants au sondage de l'Uspo jugent "insuffisantes" les revalorisations contenues dans ce texte, "dont 55% qui les estiment largement insuffisantes". Près de 9 pharmaciens sur 10 ayant répondu au sondage jugent urgent d'ouvrir un avenant 2, indique l'Uspo, qui pousse également pour une reprise des discussions "afin de revoir à la hausse les mesures pour enrayer le déclin du réseau officinal". Le syndicat tient à préciser que "plus de 50% des répondants" ne sont pas des adhérents*.
L'Uspo a, en outre, interrogé les participants sur d'autres éléments qui s'avèrent participer au "malaise généralisé" de la profession. Les pénuries de médicaments et tensions d’approvisionnement d'abord, "loin d'être réglés, comme on le constate actuellement avec la quétiapine". Pour plus de 50% des pharmaciens sondés, "la situation s’est même dégradée depuis un an". Autre problème générant "au plus haut point frustration et mécontentement", les contraintes administratives. Ainsi, 96% des répondants se disent exaspérés à ce sujet, "et près d’un pharmacien sur deux les jugent même insoutenables".
Le syndicat cite par exemple la prescription renforcée pour la délivrance des analogues du GLP-1, "qui pose déjà des problèmes dans toutes les officines".
Pour 90% des pharmaciens, "ces lourdeurs administratives sont sources d’indus, ce qui complexifie encore plus le travail du pharmacien et ampute d’autant le temps consacré aux patients", déplore l'Uspo qui réclame un "réel choc de simplification".
Alors que "menaces qui pèsent sur la profession sont bien identifiées" (concurrence de la vente en ligne ou des grandes surfaces, expansion des déserts pharmaceutiques, rentabilité des officines…), l'Union a également demandé aux pharmaciens leur vision de leur avenir professionnel à cinq ans. Le résultat est inquiétant : plus de 4 pharmaciens sur 10 envisagent de vendre leur officine. Un bon tiers pense toutefois continuer sans changement.
Le syndicat tient toutefois à nuancer ce tableau bien noir. "La polyvalence du métier, le développement des nouvelles missions et l’image très positive du pharmacien auprès du grand public sont des éléments qui donnent envie d’y croire, et ce n’est pas un hasard si de plus en plus d’étudiants en pharmacie sont engagés dans la filière officine."
*"dans le détail, près de 40% n'appartient à aucun syndicat, et parmi ceux qui sont syndiqués, plus d’un tiers déclare être affilié à un autre syndicat représentatif", précise l'Uspo.
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Nathalie Hanseler Corréard
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Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus