"Il est malvenu de fustiger les libéraux" : la réponse cinglante d'un généraliste au ministère

"Il y a quelques jours, les différents professionnels libéraux de terrain ont reçu un mail assez déstabilisant de la direction générale de la Santé (DGS). Alors que les commandes de flacons étaient en baisse de 27% par rapport à la semaine précédente, la "task force vaccination" et le directeur de la DGS, le Pr Jérôme Salomon, invitaient les libéraux 'à ne pas relâcher l’effort consenti ces dernières semaines et à assurer un haut niveau de commandes en vaccins'.
Doit-on en conclure que l’effort nécessaire des professionnels libéraux pour assurer la vaccination n’est plus considéré comme satisfaisant ? Que leur implication laisse à désirer? Ce relâchement coupable risque d’avoir des conséquences sur la santé des Français. Si les libéraux, dans un futur proche, n’ont plus le "dynamisme" qu’ils avaient auparavant pour vacciner les patients, il est possible que ce manquement puisse leur être reproché.
Moderna, la galère
Cette accusation à peine camouflée nous montre que "la task force" mériterait de mieux connaître les problématiques des professionnels de terrain.
Il semble en effet nécessaire de rappeler que les médecins libéraux assurent des soins à des patients ayant des pathologies diverses, parfois graves et chronophages… et pas uniquement des Covid-19.
Par ailleurs - ce n'est plus un secret pour personne : la démographie médicale pose de gros problèmes dans certains territoires. Ainsi, tous les Français (du moins je l’espère) sont conscients du fait que les libéraux travaillent comme des stakhanovistes.
Dans ces conditions, il est d'autant plus difficile d'intercaler le programme vaccinal entre les consultations :
- Injecter 22 patients (c’est le nombre de doses de rappel qu’il est possible d’extraire à partir d’un flacon Moderna) demande au moins une à 2 heures !
- Trouver un nombre suffisant de patients acceptant de se faire vacciner avec Moderna pour le créneau déterminé n'est pas une mince affaire. Le rétropédalage, largement médiatisé, concernant la vaccination des plus jeunes avec Moderna a incité de nombreux patients à refuser ce vaccin et à exiger du Pfizer. Ainsi il est fréquent que la secrétaire en charge de la vaccination ou même le médecin soient interpellés et dans certains cas insultés en cas de non possibilité de choix de vaccin.
Je rappelle pour ceux qui ont la mémoire courte...
D'accord, pas d'accord ?
Débattez-en avec vos confrères.