Infections urinaires masculines : tenir compte de la fièvre pour la durée de traitement

05/12/2022 Par Sylvie Coito
Urologie
Prostatite, cystite, infections urinaires masculines…, les experts des différentes sociétés savantes ne s’accordent ni sur la définition, ni sur la durée de l’antibiothérapie. Le point à l’occasion du récent congrès français d’urologie (CFU ; Paris, 16-19 novembre 2022).

  Les infections urinaires chez l’homme, que ce soit la cystite, ou la prostatite, posent des problèmes à la fois diagnostique et thérapeutique. Le Dr Matthieu Lafaurie, infectiologue à l’hôpital Saint Louis à Paris avoue qu’on est dans une approche assez compliquée avec des discordances de terminologie entre les sociétés d’infectiologie et d’urologie. Ainsi, il y a une différence de dénomination entre les infectiologues pour lesquels le terme de cystite n’est pas une entité individualisée et les urologues, pour lesquels le terme existe bel et bien même si les cystites chez l’homme sans atteinte de la prostate sont plutôt inhabituelles. Pour la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), la prostatite correspond à une infection urinaire masculine qu’elle soit fébrile ou non. Le terme d’infections urinaires masculines (IUM) prend donc la place de celui de prostatite aiguë. L’European Association of Urology (EAU) quant à elle, reprend la classification du National Institute of Health et distingue les prostatites aigües - c’est à dire avec symptômes aigües d’infection urinaire et présence de leucocytes et de bactéries - et les prostatites chroniques qui sont des infections urinaires récidivantes par un même microorganisme. Des différences au niveau thérapeutique dans la littérature La durée optimale du traitement antibiotique n’est pas parfaitement codifiée, elle repose essentiellement sur des avis d’experts et des études cliniques non contrôlées.  La SPILF ne prend pas en compte la notion de fièvre pour le choix et la durée des antibiotiques et recommande 14 jours pour les infections non compliquées. Elle préconise un traitement par fluoroquinolone, triméthoprime-sulfaméthoxazole, ou β-lactamine. Le traitement doit être de 21 j pour les autres molécules ou en cas d’uropathies sous-jacentes non corrigées. L’EAU, quant à elle, préconise en cas de cystite une durée de traitement d'au moins sept jours, de préférence avec le triméthoprime-sulfaméthoxazole ou une fluoroquinolone. En cas de prostatite bactérienne aiguë, la durée du traitement par fluoroquinolone doit être d'au moins 14 jours.   En pratique Le Dr Matthieu Lafaurie a fait une revue de la littérature pour valider ou non ces propos.  Un constat : les hommes sont souvent inclus dans les études de traitement des cystites compliquées mais de façon variable et minoritaire, leur inclusion allant jusqu’à seulement 10% des effectifs. Selon ce spécialiste, « la distinction entre les IUM fébriles et les IUM non fébriles est essentielle pour optimiser la prise en charge thérapeutique, en termes de choix des antibiotiques et de durée de traitement. Une durée de traitement de 7 jours en cas d’infection urinaire de l’homme non fébrile doit être suffisante en utilisant le cotrimoxazole et la ciprofloxacine mais aussi des molécules comme le pivcellinam, la furadantine, ou la fosfomycine. La durée de traitement recommandée pour les IUM fébriles, en revanche, ne peut être inférieure à 14 jours sous peine d'un risque accru d'échec. »  

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