Santé psychique, accès aux soins, dépistages du cancer... Comment améliorer la santé des femmes

07/03/2022 Par M. R.-D.
Santé publique
En matière de santé des femmes, la France n’occupe que la 23ème place sur les 116 pays interrogés dans une vaste enquête internationale.  Le dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST) et des cancers doit être renforcé.

Hologic, société mondiale de technologies médicales à destination des femmes, a créé le premier Indice Mondial de la Santé des Femmes (IMSF) après réalisation d’une enquête internationale. Cette étude a mesuré la prévention et le dépistage de quatre pathologies courantes (diabète, cancers, HTA et IST), les besoins fondamentaux (alimentation et logement), la santé mentale, la santé individuelle et enfin le ressenti des femmes concernant la qualité de l’accompagnement médical prénatal et du parcours de santé en général. 120 000 entretiens ont été réalisés auprès de personnes âgées de 15 ans et plus entre février 2020 et mars 2021, dans 116 pays. L’analyse du recueil des données démontre que les besoins des femmes restent globalement insatisfaits. Avec un score moyen de 54 sur 100, les disparités restent considérables d’un territoire à l’autre. Le podium est constitué de Taïwan, de l’Autriche puis de la Finlande. Parmi les pays les moins bien classés, on retrouve le Pérou, la République démocratique du Congo et l’Irak. La France (23e rang) obtient les scores de 21 pour les soins de dépistage et prévention, 88 pour les besoins fondamentaux, 79 pour l’accès aux soins, 73 pour la santé individuelle et 74 pour la santé mentale.  Un accès aux soins moins satisfaisant en France qu’en Europe En dépit d’un système de santé unique en son genre, d’une espérance de vie longue (85,6 ans en moyenne) et d’une part importante du PIB consacrée à la santé, la satisfaction des Françaises (518 réponses) sur l’accompagnement et la prise en charge de leur santé montre des points de tension. Elles sont ainsi, paradoxalement, moins nombreuses que la moyenne européenne (71% contre 85%) à juger l’accès aux soins satisfaisant en France, tandis que près d’une femme sur dix juge que les femmes enceintes françaises ne reçoivent pas des soins de qualité́. Par ailleurs, les taux de dépistage déclarés sur les 12 derniers mois ne sont que de 6 % pour les IST, 13 % pour le cancer, 17 % pour le diabète et enfin 47 % pour l'HTA en France. Pour le Dr Philippe Descamps, chef du service Gynéco-Obstétrique au CHU d’Angers, et vice-président de la Fédération internationale de gynécologie obstétrique (Figo), « ce chiffre de 13% des femmes déclarant avoir réalisé un test de dépistage contre le cancer ne reflète pas la réalité́ si l’on parle cancer du col de l’utérus par frottis, cancer du sein avec la mammographie, dépistage du cancer colorectal. Sur le dépistage du cancer du col de l’utérus, les modalités ont récemment changé : un frottis tous les 3 ans entre 25 et 30 ans puis de 30 ans à 65 ans, la HAS recommande la réalisation d’un test HPV à renouveler tous les 5 ans si le résultat est négatif. Actuellement, en France, 40 à 45 % des femmes concernées ne se font pas dépister ! ».   Autre chiffre, 91 % des Françaises reconnaissent que les femmes enceintes reçoivent des soins de qualité́. Pour le Dr Amina Yamgnane, Gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Clinique des Femmes, ce chiffre interpelle : « que 9 % de femmes en France ne soient pas satisfaites des soins prodigués est de prime abord très étonnant : la qualité́ des soins du parcours de suivi de grossesse français, un parcours institutionnalisé, intégralement remboursé et bénéficiant à toutes est remarquable. Mais si l’on décide d’apprécier ce chiffre en le rapprochant des 12 % de femmes qui déclarent dans l’enquête périnatale avoir mal vécu leur accouchement, il s’éclaire. Mais ce que ce chiffre nous dit, c’est que nous avons négligé́ de prendre en charge la santé psychique et émotionnelle des femmes. La prise de conscience s’opère en ce moment même et les pouvoirs publics et décideurs en politique de santé se penchent très sérieusement sur ces questions, mais tout ou presque reste à faire ». Des violences domestiques plus répandues qu’en Europe ? 79 % des femmes pensent que les violences domestiques sont devenues un problème majeur/répandu en France. Un chiffre plus élevé́ que la moyenne européenne. Selon le Dr Ghada Hatem, gynécologue-obstétricienne, fondatrice et médecin-cheffe de La Maison des femmes de Saint-Denis, « ce chiffre ne traduit probablement pas une augmentation drastique des violences faites aux femmes dans notre pays, mais plutôt l’émergence dans l’espace public et médiatique d’un sujet qui n’était pas un sujet de société́ il y a encore 10 ans. Sur le terrain, nous constatons également une nette évolution de la perception des professionnels de santé́ quant à cette problématique : encore peu familiers de ces sujets il y a quelques années, ils le sont désormais et la formation des jeunes médecins à son accompagnement devient un objectif ».

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