Picto "femmes enceintes" et asthme : les pneumologues dénoncent une mesure dangereuse et injustifiée

07/06/2018 Par Marielle Ammouche
Pneumologie
Les pneumologues français s'inquiètent des conséquences liées aux pictogrammes relatifs aux traitements de l’asthme chez les femmes enceintes. Ce logo, qui mentionne l’existence d’un danger d’utilisation chez la femme enceinte, a été apposé récemment sur les boîtes de conditionnement des corticoïdes inhalés et des bronchodilatateurs de type beta 2 mimétiques, suite à un décret paru le 17/10/2017.

L’apposition de ce pictogramme est de la responsabilité des laboratoires, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) n’ayant pas publié de liste des médicaments concernés. Aujourd’hui, par voie de communiqué, les pneumologues de la Société française de pneumologie de langue française (SPLF), se montrent inquiets des dangers potentiels engendrés par le picto "xxx + grossesse = danger" sur les boites de traitements de l’asthme. S’ils reconnaissent "l’enjeu de prévention des risques liés aux médicaments tératogènes et de l’intérêt potentiel des pictogrammes 'femmes enceintes'", ils considèrent qu’en ce qui concerne l’asthme, cette mesure "va totalement à l’encontre de la stratégie de prise en charge de la femme asthmatique au cours de la grossesse, et semble injustifiée voire dangereuse compte tenu des données actuellement disponibles".  

  En effet, l’asthme est une maladie fréquente au cours de la grossesse, puisqu’elle concernerait plus de 8% des femmes enceintes. Or, cette période est particulièrement à risque d’exacerbation. Et inversement, l’asthme est en lui-même un facteur de risque de complications de la grossesse (diabète gestationnel, césarienne, hémorragie per-partum…) et pour le fœtus (prématurité, retard de croissance …) ; avec un risque d’autant plus élevé que l’asthme n’est pas contrôlé, rappelle la SPLF. Elle met en avant l’innocuité prouvée des traitements chez la femme enceinte : "les traitements de l’asthme, notamment les corticoïdes inhalés et les béta2mimétiques de longue durée d’action, qui ont été largement utilisés au cours de milliers de grossesse ne sont pas associés à un risque de complication de la grossesse, ni de risque pour le foetus. En particulier, ils n’augmentent pas le risque de malformations congénitales". "Aucune des grandes études épidémiologiques effectuées chez l’homme n’a retrouvé de tels effets", souligne-t-elle. Pour les pneumologues, le motif d’apposition du pictogramme "femmes enceintes" sur les boîtes de conditionnement des médicaments de l’asthme repose uniquement sur des études animales avec utilisation des médicaments à forte dose et par voie systémique, dont les résultats "ne peuvent pas être extrapolées à l’homme".   Ne pas arrêter le traitement chez les femmes enceintes La SPLF a donc alerté l’ANSM et les laboratoires pharmaceutiques qui ont décidé d’apposer ce pictogramme. En attendant une modification de la réglementation, elle recommande aux patientes de ne pas interrompre leur traitement de l’asthme en cas de grossesse même si elles constatent la présence d’un pictogramme "femmes enceintes = danger", et de consulter leur médecin. Pour plus d’informations, les femmes peuvent vérifier sur le site du Crat (Centre de référence sur les agents tératogènes, http://lecrat.fr/ ) l’innocuité de leur traitement. La SPLF conseille aux médecins de prévenir leurs patientes de l’apposition de ce pictogramme, et de leur expliquer que la balance bénéfice risque est "très en faveur de la poursuite de ces médicaments, et que leur interruption expose à des risques pour la grossesse et le fœtus". Elle rappelle que les femmes peuvent traiter l’asthme de façon optimale au cours de la grossesse en utilisant les traitements nécessaires de la même façon qu’en dehors de la grossesse

La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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