Endométriose : les pistes de l’Académie de médecine pour améliorer la prise en charge des patientes 

16/11/2021 Par Marion Jort
Gynécologie-Obstétrique
L’Académie de médecine a livré, dans un rapport rendu le 12 novembre, ses recommandations pour la prise en charge de l’endométriose. Elle appelle également à mieux informer les patientes sur cette pathologie.  

“Depuis près de deux décennies, l’endométriose est devenue pour l’ensemble du corps médical et plus particulièrement pour les gynécologues-obstétriciens, une pathologie féminine préoccupante. Son pic d’incidence chez les jeunes femmes, son impact sur la fertilité et la grossesse, la sexualité, la vie conjugale, familiale ou professionnelle dépassent largement le cadre de la santé et concerne toute la société dans toutes ses composantes.” Face à ce constat, et pour mieux souligner les enjeux de cette maladie, l’Académie de médecine a rendu, vendredi 12 novembre, un rapport intitulé “L’endométriose pelvienne : Maladie préoccupante des femmes jeunes”.  

Rappelant que l’endométriose “se manifeste par une symptomatologie et des conséquences bien identifiées”, mais “laisse planer un certain nombre d’inconnues”, les auteurs du rapport estiment qu’elle touche 10% des femmes en période d’activité génitale avec un pic d’incidence situé entre 25 et 30 ans. Le délai moyen de 7 ans entre l'apparition des premiers symptômes et le diagnostic effectif “reste en l'état actuel beaucoup trop long”, aux yeux de l'Académie de médecine. “Il rend nécessaire, outre une prise de conscience à tous les échelons de la société, des mesures radicales et drastiques pour apporter l'aide indispensable à une population féminine fragilisée.” 

Les Sages recommandent donc de mettre en place une stratégie d’information destinée au grand public et réseaux associatifs, en complément d’un vaste plan de formation : enseignement de la pathologie au collège et au lycée, formation initiale de tous les professionnels de santé (étudiants en médecine, sages-femmes, infirmières) mais aussi par la formation continue des praticiens via le DPC et la sensibilisation des spécialistes en imagerie.  

Les auteurs du rapport préconisent également de créer des parcours de soins spécifiques, qui passeront notamment par la création de centres régionaux de référence labellisés, le recensement des praticiens impliqués dans l'endométriose pour une prise une charge multidisciplinaire ciblée, une approche des patientes isolées leur permettant d'accéder précocement à un accompagnement médical et une collaboration avec les associations de patientes.  

Enfin, afin d’améliorer la prise en charge des patientes, le rapport souhaite une structuration nationale en créant un Observatoire national de recherche de l'endométriose (ONRE) et un Registre national de l'endométriose afin de mieux connaître l'épidémiologie et les mécanismes de...

cette pathologie à expression multiple. Dernière piste du rapport : décréter l'endométriose ‘cause nationale’ avec pour objectif essentiel de promouvoir la santé de la femme.  

 

Comment définir l’endométriose ? 

Le rapport de l’Académie de médecine rappelle, dans ce rapport, les différents morphotypes aux conséquences et traitements spécifiques :  

-adénomyose quand elle gagne le myomètre  

- endométriose pelvienne profonde (EPP) si elle siège en sous péritonéal (histologiquement supérieure à 5 mm en profondeur) ou envahit les organes pelviens  

- endométriose pelvienne superficielle pour l’atteinte péritonéale (non profonde)  

- endométriome pour l’atteinte ovarienne  

- endométriose pariétale ou extra pelvienne pour les autres sites 

Les symptômes sont par ailleurs évocateurs : dysménorrhée, dyspareunie profonde, symptômes urinaires ou digestifs d’exacerbation cataméniale, infertilité. Les médecins constatant ces symptômes sont incités par les auteurs du rapport à réaliser ou prescrire un examen gynécologique, quand il est possible, qui permettrait la palpation de lésion nodulaire au toucher vaginal (ou rectal) ou visualiser l’atteinte vaginale au spéculum. Enfin, l’imagerie médicale (échographie ou IRM pelvienne) permettra de confirmer le diagnostic. Mais, rappellent-ils, la “réalisation d’une coelioscopie dans le seul but de confirmer le diagnostic n’est plus recommandée”.  

Question traitement, “sous l’égide du Collège national des gynécologues et obstétriciens français et la Haute Autorité de santé, des recommandations pour la pratique clinique (RPC) ont été proposées”, note le rapport. Traitements hormonaux, prise en charge thérapeutique, chirurgie pelvienne, traitement dans le cas d’un désir de grossesse … L’Académie fait le point en détails dans son rapport (cliquer ici pour le consulter).  

“L’objectif doit être de faciliter et d’améliorer dans le temps le diagnostic de cette maladie et permettre, en particulier, une information plus précoce des femmes concernées sur les risques liés à cette maladie, pour proposer rapidement des traitements adaptés et des actions de préservation de fertilité si nécessaire”, concluent les auteurs du rapport.  

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