Les médicaments hypoglycémiants réduisent de manière globale le risque d’événement cardiovasculaire fatal et non fatal

06/05/2020 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

En 2015, une équipe canadienne avait produit une revue systématique avec méta-analyses des complications cardiovasculaires dans les essais cliniques ayant porté sur les hypoglycémiants ou sur des stratégies thérapeutiques chez les patients diabétiques ou à risque de diabète. A l’époque, ils avaient rapporté que la réduction des événements cardiovasculaires était modeste et qu’il y avait même une augmentation du risque d’insuffisance cardiaque mais que les effets étaient hétérogènes en fonction des médicaments ou des types d’intervention. Depuis cette époque, de nombreux essais cliniques, ayant en particulier les paramètres cardiovasculaires comme critère d’évaluation de l’effet de divers médicaments, ont été menés et de nouveaux essais portant sur de nouveaux médicaments ont même montré des effets bénéfiques sur les complications cardiovasculaires. La même équipe canadienne propose donc une actualisation de leur analyse après avoir incorporé les données parues depuis cinq ans. Ont été inclus les essais randomisés, contrôlés avec un minimum de 1000 sujets adultes de plus de 19 ans ayant un diabète de type 2 ou étant à risque de diabète de type 2, et dont les critères d’évaluation cardiologique étaient les événements cardiovasculaires majeurs et dont le suivi était d’au moins 12 mois. Les événements cardiovasculaires majeurs sont, rappelons-le, regroupés dans un critère composite des décès cardiovasculaire, des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux. Ils ont également analysé les insuffisances cardiaques.

La recherche bibliographique a permis d’inclure 30 essais cliniques portant sur un total de 225 305 patients. L’âge moyen des participants était de 63 ans (63 ± 8.4 ans) et la durée moyenne de diabète était de 9.4 ± 6.6 ans. Après un suivi médian de 3.8 ± 1.8 années, 23 016 participants, soit 10.2 %, avaient fait un événement cardiovasculaire majeur et 8 169 (3.6 %) avaient développé une insuffisance cardiaque. Les médicaments hypoglycémiants ou les stratégies destinées à faire baisser la glycémie, ont permis une baisse du risque d’événement cardiovasculaire majeur...

en comparaison de la prise en charge habituelle ou du placebo (RR = 0.92 ; IC 95 % = 0.89 – 0.95, p < 0.0001). Globalement, ils n’avaient pas d’effet sur le risque d’insuffisance cardiaque (RR = 0.98 ; 0.90 – 1.08, p = 0.71). Cependant, en fonction des classes thérapeutiques ou des stratégies d’intervention, l’amplitude et la direction de l’effet sur l’insuffisance cardiaque étaient variables : la méta régression a montré que la diminution d’1 kg du poids corporel était associée à une diminution relative de 5.9 % (3.9 – 8) du risque d’insuffisance cardiaque (p < 0.0001). Parmi les essais qui ont évalué les classes thérapeutiques ou les stratégies thérapeutiques associées à une perte de poids (changement intensif de style de vie, agoniste du récepteur du GLP1 ou inhibiteur du SGLT2), la réduction du risque d’événement cardiovasculaire majeur était constante chez les participants avec (0.87 ; 0.83 – 0.92) et sans (0.92 ; 0.83 – 1.02) maladie cardiovasculaire établie au début de l’étude (p pour l’interaction = 0.33). Pour l’insuffisance cardiaque, le risque relatif des différentes classes thérapeutiques ou les stratégies thérapeutiques associées à une perte de poids, était constant parmi les participants ayant (0.80 ; 0.73 – 0.89) ou n’ayant pas (0.84 ; 0.74 – 0.95) de pathologie cardiovasculaire au début de l’étude (p pour l’interaction = 0.63).

En conclusion, les médicaments hypoglycémiants ou les stratégies destinées à faire baisser la glycémie réduisent de manière globale le risque d’événement cardiovasculaire fatal et non fatal. L’effet sur l’insuffisance cardiaque est globalement neutre mais varie en fait de manière importante selon le type d’intervention, les interventions associées à une perte de poids montrant un effet bénéfique. Les bénéfices, en termes d’événements cardiovasculaires et d’insuffisance cardiaques, des interventions associées à une perte de poids, pourraient s’étendre aux patients n’ayant pas de pathologie cardiovasculaire initiale.

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