Agressions sexuelles : "L’Ordre peut-il être à la fois juge et partie ?"

01/02/2022 Par Karen Ramsay
L'actualité socioprofessionnelle vue par Karen Ramsay, rédactrice-en-chef du pôle magazines ("Egora-Le Panorama du médecin" et "Concours pluripro") à Global média santé. 

  Les affaires se suivent et se ressemblent. 1994, André Hazout. 2019, Gilles Soubiran. 2021, Joël Le Scouarnec et Bernard Henric… Tous médecins, tous connus et reconnus par la profession, tous accusés de viols et/ou d’agressions sexuelles sur des patients majeurs et mineurs. Ces affaires largement médiatisées lèvent le voile sur une réalité souvent tue, parfois muselée, alors même qu’à l’heure de #Metoo et de #Balancetonporc, la parole des victimes cherche à se libérer. Une réalité bâillonnée, conséquence à la fois d’une autocensure des victimes (manque de confiance dans la justice, peur des représailles, de ne pas être entendues), de l’autorité et de l’aura dont bénéficient les blouses blanches, et d’un manque parfois criant de sanctions "significatives et rapides" de l’Ordre des médecins. C’est à ce titre que le collectif « Désordre » réclame une enquête, reprochant à l’institution de "[négliger] très souvent la parole des victimes", "de [laisser] de nombreux agresseurs impunis », et [de favoriser] l’omerta confraternelle en menaçant et sanctionnant des médecins honnêtes désireux de témoigner de malversations de collègues prédateurs".

"Le cabinet médical doit demeurer un lieu d'écoute et de protection"

Notre enquête pose cette question brûlante : « Médecins agresseurs sexuels : mais que fait l’Ordre ? » Car c’est là tout l’enjeu de ces affaires : qui sait mais se tait ? que risque le lanceur d’alerte ? qui sanctionne les responsables d’abus sexuels ? l’Ordre peut-il être à la fois juge et partie ? Si celui-ci assure faire preuve d’une grande fermeté à l’encontre de ses membres reconnus coupables, seules 35 % des affaires « jugées en première instance ont donné lieu à des interdictions fermes d’exercer ou des radiations ». Il semblerait que le Cnom, et ses antennes départementales, ait bien du mal à mettre de l’ordre dans ses rangs.

Quand un médecin abuse de son statut pour abuser de ses patients, quand il entretient volontairement une forme de confusion entre gestes médicaux et abusifs, le couperet doit tomber, vite et fort. Car le cabinet médical doit demeurer un lieu d’écoute et de protection. Un huis-clos qui porte encore malheureusement de sombres secrets.

Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0