IPA salariées : une augmentation salariale minime voire inexistante

20/04/2023 Par P.M.
Paramédicaux
Alors que, depuis 2018, quelque 1 650 infirmières de pratique avancée (IPA) ont été diplômées, le syndicat Unipa a communiqué le 17 avril les résultats de son enquête attestant des difficultés rencontrées par ces professionnelles ayant opté pour le salariat public et privé.  

 

"Il nous paraît urgent que les instances décisionnaires se saisissent des problématiques des IPA, afin d’y apporter des réponses immédiates, sous peine de voir sombrer au fur et à mesure une profession créée pour améliorer l’accès aux soins de la population", écrit l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), dans son enquête "Etat des lieux des IPA salariés".  

Du 3 au 15 avril, le syndicat a sondé 331 IPA diplômées salariées* pour dresser un premier état des lieux de leurs conditions de travail et d’implantation. Or pour Emmanuel Hardy, président de l’organisation, "les conclusions sont sans appel et des actions doivent rapidement être entreprises afin d’endiguer les conséquences des difficultés présentées".  

 

Une prise de poste non immédiate 

Dans le secteur public, 24,2% des IPA sondées disent ainsi ne pas avoir exercé directement leurs nouvelles compétences après leur diplomation, et ce alors qu’elles ont eu un financement institutionnel. En moyenne, elles attendent 7,98 mois. En cause : une absence de budget pour une création de poste ; des difficultés organisationnelles (ex : des IPA placées à des postes d’IDE pour pallier la pénurie). Ou encore la mise en place des concours sur titre : près de la moitié en aurait passé un alors que l’article 14 du décret n°2020-244 permet aux établissements de procéder à une intégration directe des agents qui étaient en catégorie A. Pour y remédier, le syndicat appelle notamment à un financement pérenne des postes d’IPA et à une application uniforme de l’article 14 sur le territoire.  

Dans le privé, même constat pour 26% des sondées : elles attendent en moyenne 9,90 mois avant la prise de poste IPA. Elles l'expliquent par : des refus de directions de créer des postes, des problématiques de budget et de pénurie soignante, de refus de collaboration de médecins, un manque d’anticipation... 

 

Une liberté d’action relative  

L’Unipa sonde également les IPA sur leur champ d’action. Côté public, le développement des missions IPA semble fluctuer selon la liaison hiérarchique : plus le supérieur hiérarchique se trouve à un échelon limité, plus les missions sont restreintes. Partant de ce constat, le syndicat considère qu’un encadrement par la direction des soins est "le modèle qui permet aux IPA d’investir des missions larges sur toute une institution". Côté privé, l’offre hiérarchique, qui "paraît plus large", "laisse transparaître une liberté d’action plus importante dans les établissements", fait valoir l’étude.  

Dans le public comme dans le privé, les répondantes soulèvent des freins communs au développement de leurs compétences : l’inertie...

des institutions, la méconnaissance du métier, le cadre réglementaire contraignant avec la présence du protocole d’organisation. Le syndicat appelle notamment à abroger ce dernier au travers de la proposition de loi Rist qui prévoit un accès direct dans le cadre d’un exercice coordonné, et à communiquer largement sur la profession.   

 

Une reconnaissance salariale "insignifiante" 

Dans le public, 28% des sondées disent connaître une baisse ou une absence d’augmentation de leur salaire net par rapport à celui d’IDE. Pour les autres, l’augmentation est minime : en moyenne 97 euros. Soit +4,1%, contre +40% en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Les raisons : la faiblesse des grilles indiciaires, le changement d’organisation du travail (ex : des horaires classiques, moins rémunérateurs). Des IPA, issues de la fonction publique territoriale, rappellent aussi qu’il n’y a toujours pas de grille salariale pour les IPA. L’Unipa appelle donc à augmenter fortement les grilles indiciaires IPA de la fonction publique, mais aussi à créer les grilles salariales dans la fonction publique territoriale, la fonction publique d’Etat et dans le corps des armées.  

Dans le privé, où il n’y a pas de statut IPA, 10% des professionnelles disent avoir connu une perte de salaire. Pour les autres, l’augmentation moyenne est de 353 euros, soit seulement + 16,2%. Pour y remédier, les auteurs de l'enquête suggèrent de créer un statut pour les IPA dans le privé avec des salaires permettant une augmentation conforme à la moyenne de l’OCDE (40%). L’Unipa invite aussi à définir clairement la cotation des actes des IPA dans le privé, jusque-là floue, pour leur permettre de valoriser leur activité. Pour les auteurs, la question salariale est clé : "Comment inciter les infirmiers à se former durant deux années, à endosser de nouvelles responsabilités, tout ceci pour une augmentation quasi inexistante ?"  

*Dont 73% dans le public, 24% dans le privé, et 3% autre (exercice mixte, autre type de salariat).   

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