Un anesthésiste sanctionné par l'Ordre pour avoir prétendu aider à communiquer avec les morts

24/04/2019 Par Aveline Marques
Déontologie
Le Dr Jean-Jacques Charbonier, anesthésiste-réanimateur toulousain, est connu pour ses travaux controversés sur les expériences de mort imminente et sur la "conscience intuitive extraneuronale". Il vient de se faire sanctionner par l'Ordre pour avoir utilisé son titre de médecin pour promouvoir ses séances d'hypnose collective, au cours desquelles les participants pourraient voir leurs défunts.

Complet. Pour participer à l'atelier de "trans communication hypnotique" (THC) organisé à Besançon du 24 au 26 mai, il ne reste plus qu'à s'inscrire sur liste d'attente. Durant ces 3 jours, les 43 inscrits se verront proposer six sessions d'atelier d'une durée de 3h30, dont 1h30 sous hypnose. 98 euros : c'est le prix à payer pour avoir une chance d'entrer en contact avec des proches disparus, grâce à cette "conscience intuitive extraneuronale" qui se manifesterait immédiatement avant ou après la mort, ou lors d'une séance d'hypnose, donc. Grâce aux "techniques employées par les anesthésistes pour opérer sans douleur" et ses travaux de recherche sur les expériences de mort imminente ou provisoire, le Dr Jean-Jacques Charbonnier, anesthésiste-réanimateur toulousain de 62 ans, permet à "chacun de découvrir ses propres capacités extrasensorielles". Ses ateliers "ont la réputation d’apporter un apaisement significatif aux douleurs du deuil", vante le site de l'organisateur, ABC Talk.

Sur sa page Facebook, suivie par plus de 66 000 personnes, le Dr Charbonier partage les expériences les plus marquantes. Comme celle du romancier Bernard Werber, fin mars : "J’ai eu la sensation de sortir de mon corps. J’ai vu des défunts qui me sont chers : mon père et deux amis dont un qui était inattendu. Je me suis vu évoluer dans une vie antérieure". D'après les statistiques du médecin, "67% des participants bénéficient d’un vécu subjectif d’un défunt" au cours d’un atelier. "En s’inscrivant à ces séances, les personnes sont parfaitement au courant de ce taux de réussite, il n’y a pas tromperie sur les attentes Avec plus de 10 000 participants, nous avons suffisamment de recul pour dire que cette méthode est souvent très bénéfique et en tous cas sans danger", assure le Dr Charbonier au pure player Médiacités, qui consacre une enquête à son "business" : 200 ateliers sont organisés chaque année en France, en Belgique, en Suisse et bientôt au Japon et à New York. En septembre, une croisière thématique d'une semaine sur la Méditerranée sera organisée pour la modique somme de 1369 euros. Consacrant de plus en plus de temps à cette activité, l'anesthésiste n'exerce plus aujourd'hui la médecine qu'à mi-temps. Il a fondé l’Institut de recherche et de communication sur la conscience intuitive extraneuronale (IRCCIE) et mène une étude sur la base des QCM remplis par les participants aux ateliers. Objectif : que sa méthode de THC soit "validée par le Conseil de l'Ordre" et "reconnue comme une technique thérapeutique qui permette un apaisement face aux douleurs du deuil et qu’elle puisse être utilisée en soins palliatifs". Effectivement, l'Ordre s'intéresse de près au Dr Charbonier. Mais pas pour les mêmes raisons. L'année dernière, le CDOM de Haute-Garonne a porté plainte contre l'anesthésiste. Il lui reproche notamment d’organiser "à titre onéreux des ateliers de 'Trans Communication Hypnotique' (TCH) alors qu’il est incapable d’établir le caractère scientifiquement prouvé de ses théories et de ses pratiques" et d'utiliser "sa qualité de médecin à des fins publicitaires en communiquant largement sur ses ateliers TCH et sur ses prétendues études et découvertes scientifiques". Le médecin, qui a été condamné en février à 3 mois d'interdiction d'exercice avec sursis, reconnaît des erreurs de communication, mais vit mal le fait d'avoir eu à se soumettre à une expertise psychiatrique. "Mon métier d’anesthésiste réanimateur me rapporte bien plus d’argent que la TCH", souligne-t-il, assurant que son "but unique" est "d’apporter le plus de bien-être et de soulagements aux autres". De son côté, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires appelle à la prudence. [avec Mediacites.fr]

Faut-il mettre fin à la possibilité pour un médecin retraité de prescrire pour lui-même ou pour ses proches ?

Albert Dezetter

Albert Dezetter

Non

A partir du moment où il entretient ses capacités professionnelles, le médecin âgé conservera sa capacité à prescrire pour lui-mêm... Lire plus

0 commentaire
2 débatteurs en ligne2 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
10
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2