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Ictère, palu et autres petits secrets du patient de Gaulle

quelques gouttes de sang pour analyse, et prescrit du chlorhydrate de quinine. "Il a très vite fait le lien avec le paludisme et pris les bonnes résolutions", salue l'auteur de l'ouvrage, qui tient à "réhabiliter" un médecin éclipsé par l'Histoire au profit de son confrère, le célèbre Docteur André Lichtwitz (voir encadré), arrivé peu après sur les lieux et qui devient par la suite le médecin personnel de de Gaulle. Et les médecins anglais dans tout ça? De Gaulle en a consulté quelques-uns, lors des poussées, et aucun n'a pensé au paludisme. "Je ne pense pas qu'ils soient plus bêtes que les médecins français", répond Serge Deschaux, qui penche plutôt pour un "manque de coopération mutuel" entre un patient connu pour être "bougon", surtout vis-à-vis de ce qui n'est pas "franco-français", et les Anglais, qui ne voyaient pas tous le général français d'un bon œil.

 

"Je ne fumerai plus jusqu'à la prochaine guerre…"

Initié au tabac en 1914, de Gaulle devient un fumeur invétéré. "Une cigarette en allumait une autre, c'était une cheminée", décrit Serge Deschaux. Rien de surprenant à une époque où le tabac est largement accepté, pour un homme "hyperactif" sur lequel pèsent une "immense responsabilité". Durant l'exil à Londres, période de "stress permanent", le Général grille 40 à 60 cigarettes par jour. Puis du jour au lendemain, en 1947, de Gaulle arrête de fumer. "C'est très simple, vous annoncez à votre femme et à votre entourage que vous allez cesser de fumer… et vous cessez", répond-t-il à ceux qui s'étonnent face à ce sevrage éclair. Claude Guy, l'aide de camp du Général, raconte dans son journal une toute autre histoire : celle d'un homme effrayé par la perspective d'un cancer. Toux sèche, voix éraillée et picotement dans la bouche au passage du digestif ont fini par convaincre le fumeur de consulter un ORL, en secret.

"Ce dernier le rassure sur l'innocuité de la chose, mais lui dit néanmoins que s'il continue sur ce rythme, ça pourrait devenir un cancer", relate Serge Deschaux. Claude Guy décrit alors dans son journal un homme devenu mélancolique, catastrophiste, persuadé d'avoir effectivement un cancer, que le médecin aurait tu. La mort du général Leclerc, en qui de Gaulle voyait un successeur, aurait achevé de le convaincre d'arrêter de fumer. A la lecture des témoignages des proches, Serge Deschaux imagine sans peine un homme d'ordinaire "pas commode" devenir franchement "imbuvable" avec le sevrage. De Gaulle se plaira par la suite à "demander le statut tabagique de ses visiteurs". "Il leur offrait les cigares envoyés par Castro. C'était pour lui un grand plaisir de les voir fumer devant lui et de s'imprégner des volutes de tabac dans sa DS présidentielle."

 

 

Un médecin "héros de guerre"

Médecin-chef du 85e régiment d'infanterie, le Dr André Lichtwitz s'illustre lors des combats de juin 1940. Refusant l'armistice, il cherche à constituer un réseau de résistance avant de parvenir à passer en Espagne. Il est retenu prisonnier trois mois par les Franquistes, puis rejoint le Portugal. C'est de Lisbonne en avril 1942 qu'il arrive à Londres pour soigner le Général, en pleine crise de paludisme. Le médecin intègre ensuite les Forces françaises libres et combat en Afrique du Nord, puis participe à la Libération. "Héros de la guerre", le Dr Lichtwitz est "le prototype parfait du militaire qui plaît à de Gaulle", relève Serge Deschaux. Réputé pour ses compétences, Lichtwitz devient le médecin personnel du Général après avoir été au service de Paul Reynaud. Décédé d'un cancer en 1962, il est remplacé par son confrère et ami Roger Parlier. "Les médecins qui suivaient de Gaulle étaient tous cooptés, choisis plutôt pour leurs états de service", souligne Serge Deschaux.

 

 

 

Serge Deschaux, "Comment allez-vous, mon Général?", Editions de l'Harmattan, 2020.

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