
Soins en prison : les médecins dénoncent de "multiples dérives"
Les médecins de prisons ont pris la plume, dans La Croix, pour alerter sur les "multiples dérives" concernant l'accès aux soins dans les établissements pénitentiaires. Ils dénoncent un taux d'occupation à 200% alors qu'en parallèle le nombre de soignants diminue. Résultat : "Il est de plus en plus difficile d’emmener les personnes à l’hôpital" quand cela s'avère nécessaire.

"Le nombre de personnels pénitentiaires comme de soignants est calculé sur l’effectif théorique de détenus et non sur l’effectif réel. Donc à 200 % de taux d’occupation… on a deux fois plus de travail. En résumé : trop de détenus, pas assez de soignants, pas assez d’escortes pour aller à l’hôpital, des mesures de sécurité renforcées", écrivent la présidente de l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP), ainsi que la présidente et une membre du bureau de l'Association des professionnels de santé exerçant en prison (APSEP) dans une tribune publiée dans le journal La Croix.
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Francois Cordier
Oui
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Les médecins de prison constatent "de multiples dérives un peu partout". "Ici, le directeur de l’établissement pénitentiaire décide qui doit aller en priorité à l’hôpital et qui ne peut pas y aller. Là, on renvoie en détention des personnes qui ont été hospitalisées et qui devraient rester à l’hôpital car 'cela dure trop longtemps'. Ici, on impose une consultation de psychiatrie par télémédecine sans en parler au médecin généraliste qui est responsable de l’unité sanitaire [...] Là, on oblige les personnes détenues à une fouille à nu après chaque consultation médicale. Ici, on impose aux soignants des horaires extrêmement réduits pour recevoir les détenus, horaires incompatibles avec leur travail", listent les autrices du texte, s'interrogeant sur une "volonté politique de ne plus considérer les soins des personnes détenues comme une priorité".
Face à cette dégradation des soins, des médecins démissionnent et l'administration pénitentiaire "est convaincue qu’il faut déployer la télémédecine", remarquent les autrices de la tribune. "La télémédecine doit être pensée de façon précise et bornée [...] Il ne faudrait pas que ce soit un prétexte pour offrir une médecine de seconde zone aux personnes que nous ne voulons plus toucher, sentir, côtoyer", mettent en garde les trois signataires. Elles demandent ainsi "une plus grande attention" sur les soins des détenus.
[Avec la-croix.com]
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