La nutrition influe sur la santé du cerveau… et inversement

14/03/2023 Par Brigitte Blond
Gériatrie

Il existe un lien entre le statut nutritionnel et la prévention des pathologies neurocognitives. Les régimes MIND , mais aussi cétogène pourraient avoir un intérêt en prévention primaire. L’alimentation est une des cartes “actionnables“ majeures de la prévention primaire des maladies neurodégénératives dont la maladie d’Alzheimer, mais aussi de leur prévention secondaire et même tertiaire au stade des complications.   Continuum de lésions La maladie d’Alzheimer est caractérisée par la destruction des synapses dans des aires cérébrales dédiées aux taches cognitives assortie d’une accumulation de deux protéines : amyloïde au sein du cerveau tout entier, et tau plus précisément dans la région hippocampique. « Les lésions neuronales sont patentes avant que n’apparaissent les symptômes, très en aval, environ 10 ans plus tard », a décrit le Dr Antoine Garnier-Crussard, gériatre (Centre Mémoire de Ressources et de Recherche de Lyon, Institut du vieillissement HCL), lors de la Journée annuelle Benjamin Delessert, le 3 février dernier. Par ailleurs, à la destruction des neurones et synapses, s’ajoute l’atteinte vasculaire cérébrale, ces pathologies mêlant le plus souvent les deux types de lésions, microvasculaires et neurodégénératives. « Les effets d’un changement d’alimentation sont sans doute plus notables sur les lésions vasculaires », souligne le spécialiste. Enfin, la maladie d’Alzheimer résulte à 60 % de facteurs de susceptibilité génétique et 40 % de facteurs environnementaux, potentiellement modifiables : hypertension artérielle, alcool, tabac, pollution… et alimentation.   Prévention primaire Le “régime“ MIND (cf encadré), qui s’inspire des principes du régime méditerranéen mâtiné de Dash (Dietary Approaches to Stopping Hypertension) avec une diminution de la part des aliments transformés, du sel et une augmentation de celle des aliments bruts (choux, salades, etc.), réduit le risque de développer un trouble neurocognitif, et de déclin cognitif lié à l’âge (mémorisation, raisonnement, etc.). Il est associé à un plus grand volume hippocampique et à moins de pathologies tau et amyloïde. « Si nous devons rester prudents pour l’interprétation de ces données, observationnelles, note le Dr Garnier-Crussard, diminuer de 10 % la part des aliments ultra-transformés permettrait une réduction des démences de 20 % ». En discussion aussi - dans l’attente d’un essai contrôlé randomisé régime cétogène versus contrôle pour des personnes souffrant de troubles cognitifs légers - le régime cétogène ou l’apport de corps cétoniques. Celui-ci pourrait, en effet, améliorer la neuroinflammation : faute de glucose (substrat énergétique du cerveau en temps habituel), les corps cétoniques -qui proviennent de l’oxydation des acides gras- servent de substitut (ce qui améliorerait la neuroinflammation). Sachant que pour une prévention primaire efficace, on peut compter aussi sur l’activité physique, le contrôle d’une HTA, etc. Le temps social du repas est lui aussi protecteur.   Prévention secondaire La maladie d’Alzheimer une fois exprimée influence à l’évidence le statut nutritionnel en raison des troubles comportementaux (une possible gloutonnerie, de la déambulation, etc.) … et inversement, le statut nutritionnel modifie le cours évolutif de la maladie. Il est ainsi indispensable d’analyser les circonstances de cette alimentation perturbée : difficultés pour faire les courses, de planification du repas, apraxie, non-respect des goûts (pour des repas livrés au domicile), etc. La dénutrition précipite aussi la survenue de complications : elle est associée à des chutes plus fréquentes, des infections, des escarres notamment. La nutrition doit, par conséquent, être envisagée de façon globale, multidimensionnelle, la prise en charge pouvant être centrée sur le confort uniquement : manger ce qui fait plaisir et augmenter les apports caloriques.    

Le régime MIND en pratique 
-A promouvoir : les légumes (à feuilles vertes en particulier), les fruits (rouges notamment), les œufs, le poisson (un gras par semaine, un maigre 1 à 2 fois par semaine), des fruits de mer (fer et iode), de bonnes graisses (oméga-3, 6 et 9), des fruits à coques, des graines oléagineuses (lin et colza), des légumes secs, des légumineuses, des pâtes et riz complet, du quinoa et de l’eau à volonté
-A limiter : le fromage (1 à 2 portions par semaine), la viande rouge (2 à 4 portions par semaine), la charcuterie, les graisses saturées, les produits ultra-transformés, les sucres simples (bonbons, sodas, pâtisseries et jus de fruits), le thé à la suite immédiate d’un repas (qui diminue l’absorption intestinale du fer).
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