Quelles nouveautés dans le traitement des plaies ?

13/02/2023 Par M.P.
Dermatologie
Des innovations viennent enrichir l’offre thérapeutique dans les plaies infectées : produits d’origine biologique, pansements techniques et thérapies par pression négative.
 

« 85 % des amputations sont secondaires à une plaie. L’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de la Fédération internationale du diabète (FID) est de diminuer de 50 % ce taux, grâce à la prévention primaire et secondaire », a rappelé la Mme Véronique Labbe-Gentils, pédicure podologue à l’hôpital universitaire Avicenne (AP-HP, Bobigny) et à l’hôpital Jean-Verdier (AP-HP, Bondy), lors des Journées Cicatrisations 2023 organisées par la Société française et francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC) du 15 au 17 janvier à Paris. Les recommandations de l’International Working Group of Diabetic Foot (IWGDF), datant de 2019, ont été traduites en français en 2022. « Elles présentent un ensemble de technologies innovantes : l’oxygène hyperbare et l’oxygène topique utilisés aux États-Unis, les concentrés plaquettaires utilisés en Europe, les produits dérivés du plasma, les thérapies par pression négative (TPN), les pansements UrgoStart », a listé la Dre Sylvie Meaume, dermatologue gériatre à l’hôpital Rothschild (AP-HP, Paris). Parmi les nouveautés, une revue de cas a été publiée pour le Debrichem (DEBx Medical), gel topique de dessication pour le débridement chimique de plaies chroniques infectées présentant un important biofilm. Les TPN, comprenant une pompe et un pansement faisant office de réservoir pour l’exsudat faible à modéré, s’enrichissent de versions supplémentaires : Pico 7 multisite, Pico 7Y et Pico 14 chez Smith & Nephew, pansements TPN Avance Solo et TPN Avance Solo Adapt chez Mölnlycke.   Nombreuses études en cours « Les essais cliniques randomisés concernent en premier lieu des produits d’origine biologique », a relevé Christine Faure, responsable de l’équipe dispositifs médicaux stériles au CHU de Montpellier. Alors que les pays scandinaves recourent au plasma riche... en plaquettes (PRP) autologue, dans l’Hexagone les soignants disposent du pansement ActiGraft (RedDress), créé à partir du sang total du patient. « Le caillot constitue une couverture protectrice et optimise la cicatrisation avec un taux de fermeture complète de 72 % en douze semaines », a rapporté la Dre Meaume. Des publications portent sur les plasmas froids, devant stimuler la prolifération cellulaire notamment celle des fibroblastes, moduler le pH cutané et éliminer les bactéries. Des études sont en cours sur PlasmaDerm (GPC Systems) et SteriPlas (Adtec Healthcare). « Le plasma froid atmosphérique kINPen MED (Neoplas Med), dans une étude de marquage CE, montre que 58,97 % des 70 patients participant ont complètement cicatrisé après six semaines, contre 5,13 % des patients traités selon le gold standard », a ajouté la Dre Meaume. Des études s’intéressent, par ailleurs, à la luminothérapie (EmoLED), la stimulation magnétique (COMS One Therapy System de Piomic), l’électrothérapie (WoundEL, Accel Heal Solo d’Ekabio) ou encore les générateurs d’air stérile (VistaCare One de DTA medical).   Bon usage des médicaments existants
  En attendant les résultats de ces essais, les traitements existants doivent faire l’objet d’un usage raisonné. « Les antibiotiques doivent être utilisés seulement en cas d’infection, sur une durée courte (7 jours) et avec le spectre le plus étroit possible », a rappelé le Dr Lucas Perez, infectiologue au CHU de Montpellier. Même ligne directrice pour les antiseptiques. « Ils agressent les parois cellulaires des bactéries mais peuvent être des freins à la cicatrisation. Nous essayons d’employer des antiseptiques différents de ceux utilisés en chirurgie et leur choix dépend énormément du terrain », a expliqué la Pre Anne Dompmartin, chef de service dermatologie au CHU de Caen. Les risques de iatrogénie médicamenteuse président au choix de la thérapie. « Il y a de plus en plus de médicaments anti-inflammatoires, immuno-modulateurs, immuno-régulateurs, qui jouent sur certaines cytokines. Il va falloir être extrêmement rigoureux dans nos interrogatoires ». Par ailleurs, les soignants sont appelés à changer de regard sur le pronostic de certaines maladies, comme les plaies du pied diabétique. « Les plaies ne sont pas chroniques mais chronicisées par l’absence de traitement », a pointé le Dr Georges Ha Van, praticien hospitalier podologie en diabétologie à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Un changement de pratiques devrait permettre d’atteindre l’objectif fixé par l’OMS en faveur d’une meilleure prévention.

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