Cancer du poumon : une vaste étude contredit la HAS sur l’intérêt d’un dépistage systématique

19/11/2018 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Une étude présentée récemment à Toronto pourrait bien faire bouger la position de la Haute Autorité de santé (HAS) concernant l’intérêt du dépistage par scanner du cancer bronchopulmonaire chez les sujets à risque (gros fumeurs ou anciens gros fumeurs, à partir de 50 ou 55 ans).

Baptisée Nelson, cette étude belgo-néerlandaise a porté sur 15 792 personnes présentant un risque élevé de développer un cancer du poumon. Les participants ont été répartis aléatoirement en deux groupes dont l’un a bénéficié d'un dépistage et l’autre non. Le dépistage consistait en la réalisation à intervalles réguliers de scanners thoraciques. Le suivi a été de 10 ans. Les chercheurs ont mis en évidence que le dépistage avait amélioré le taux de survie, avec une réduction de 26 % des décès dus au cancer du poumon chez les hommes. La réduction était même supérieure chez les femmes. En outre, 69% des cancers détectés était à un stade 1A ou 1B ; et le taux d’intervention chirurgicale était multiplié par presque 3 dans le groupe dépistage (67,7 contre 24,5%). Pour l’European Lung Foundation, "cette étude pourrait marquer un tournant dans la prise en charge du cancer du poumon". L’European Respiratory Society (ERS) a salué ces "résultats attendus depuis longtemps". Et elle encourage les pays européens à instaurer sans tarder des programmes de dépistage du cancer du poumon pour les personnes à haut risque, de façon à diminuer le nombre de cancers détectés trop tardivement. Elle exhorte l’UE à élaborer des directives visant à aider ses États membres à mettre ces programmes en place. En 2016, la HAS a considéré que le dépistage du cancer du poumon chez les fumeurs ne serait pas utile. Elle estimait que la maladie était difficilement détectable à un stade précoce à cause de sa rapidité d'évolution ; et que l'examen de dépistage par scanner thoracique générait trop de faux positifs. Elle soulignait également que les possibilités de traitements étaient restreintes, même à un stade précoce, et que la réduction de la mortalité grâce au dépistage n'est pas établie. "Il y a trop de risques et d'inconvénients associés à ce dépistage pour des bénéfices très incertains : les inconvénients d'un dépistage du cancer du poumon par scanner thoracique sont nombreux, avec des complications parfois graves voire mortelles suite à l'exploration d'anomalies non cancéreuses identifiées au scanner. Les bénéfices quant à eux sont très incertains", soulignait la HAS, qui insistait sur la nécessité d'intensifier la lutte contre le tabagisme. L’étude Nelson pourrait bien changer la donne. Ainsi, le Pr Charles-Hugo Marquette (CHU de Nice), interrogé par Le Journal du Dimanche, précise : "le nombre de faux-diagnostics est réduit de deux tiers. En outre, ces excellents résultats ont été obtenus dans des systèmes de santé comparables au nôtre".

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