BPCO : nouvelle étiologie, nouvelles recommandations

16/11/2023 Par M.P.
Pneumologie
Alors que la prévalence de la BPCO augmente, avec une diversification du profil des malades, sa définition et ses modalités de prise en charge évoluent. 

 

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) constitue la troisième de mortalité dans le monde, avec 3,23 millions de décès en 2019. Si elle est essentiellement due au tabagisme, d’autres facteurs de risque émergent : le vapotage et le cannabis, la pollution extérieure et intérieure et les expositions professionnelles (métaux, silice, arsenic, plastique, caoutchouc, poussières, textiles végétaux, agriculture…). Autres facteurs de risque : la prématurité, un petit poids de naissance, la nutrition, un microbiote appauvri, le surpoids, des infections, un asthme, une tuberculose, le VIH. Ils s’accumulent au fil de la vie et peuvent conduire à l’apparition de la maladie, souvent vers 60 ans mais désormais plus précocement. Le dépistage de la pathologie en population générale reste insuffisant. "Sur les 3 millions de personnes présentant une BPCO en France, les deux tiers sont non diagnostiquées", a signalé le Dr Gilles Jébrak, pneumologue à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris), lors d’une session pneumologie des JNMG. 

 

Cumul des facteurs de risque 

Le diagnostic repose sur la clinique et sur l’exploration fonctionnelle respiratoire. Le rapport VEMS/CVF mesuré par la spirométrie "est un diktat qui est remis en cause. De nouvelles définitions intègrent des formes avec un rapport de Tiffeneau conservé", a décrit le Dr Jébrak. L’exposition au tabac et à un ou plusieurs autres facteurs de risque augmente la probabilité de BPCO : emphysème ou épaississement bronchique, symptôme tel que dyspnée ou bronchite chronique, et/ou anomalie spirométrique. "L’exposition associée à une autre anomalie rend la BPCO possible, l’exposition à deux autres anomalies la rend probable, et à trois autres anomalies la rend certaine". Si le diagnostic est confirmé, des examens fonctionnels et biologiques complémentaires peuvent être demandés : TDM du thorax, volumes non mobilisables, DLCO, gaz du sang, test d’effort, alpha-1-antitrypsine (AAT) pour la substitution du déficit et le dépistage familial, éosinophiles pour l’indication de corticostéroïdes inhalés. 

 

Des comportements à changer 

La première mesure à mettre en place est le sevrage du tabac, de la cigarette électronique et du cannabis. Le patient doit aussi être encouragé à adopter un bon équilibre alimentaire et à pratiquer une activité physique. Pour les BPCO stables, la vaccination contre la grippe, le Covid-19 et le pneumocoque est conseillée. La réadaptation respiratoire permet "une véritable diminution du risque de réhospitalisation et de la mortalité", a noté le Dr Jébrak. Elle doit être menée assidument pendant deux ans minimum et fait intervenir une équipe comprenant kinésithérapeute, infirmière, assistante sociale, nutritionniste, psychologue, tabacologue… 

Le traitement pharmacologique de première intention est un bronchodilatateur oral de courte durée d’action. "Le choix de l’inhalateur doit être individualisé", a indiqué le Dr Jébrak, insistant sur la nécessité d’une "éducation thérapeutique" du patient et du "contrôle de l’utilisation des systèmes". La prise en charge porte également sur les maladies pulmonaires associées et les autres comorbidités. 

 

Au programme :
-Intelligence artificielle en santé : entre espoirs et méfiance
-Fatigue chronique : une démarche diagnostique méthodique et progressive
-PSA : un bon outil
-Céphalées : identifier les situations d’urgence
-Dysthyroïdies : un diagnostic et une prise en charge à revoir

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