Lunch Time

L'anesthésiste reporte l'intervention "pour déjeuner" : une patiente réclame des sanctions disciplinaires

Nelly Kinowski, 78 ans, opérée au CHU de Toulouse, dénonce l'attitude d'une médecin qui a décidé de ne pas procéder à son anesthésie alors que tout était prêt pour l'intervention, entrainant son report. En cause, le retard pris ce matin-là.

26/04/2024 Par Aveline Marques
Patients Déontologie
Lunch Time

Nelly Kinowski ne décolère pas. Admise le 10 avril à l'hôpital Rangueil (CHU de Toulouse) pour y subir une opération digestive, cette retraitée de 78 ans a vu son intervention décalée à la dernière minute, alors qu'elle était prête à être opérée.

Ce matin-là, Nelly Kinowski, à jeun et les intestins purgés depuis la veille, est conduite "à l'entrée du bloc", relate-t-elle à La Dépêche du midi. Les infirmières posent la perfusion et placent les électrodes. "L'heure tourne. Vers 12h15, l’anesthésiste débarque avec son micro-ordinateur dans la salle et lance : 'je m’en vais'", raconte la septuagénaire. La médecin serait partie "soi disant pour déjeuner", avance la patiente, laissant en plan le chirurgien, "qui était très colère", et entrainant le report de l'intervention. "Ça m’a mise dans une colère noire. J’ai dû passer sur le billard le lendemain. Il a fallu boire le même produit et rester à jeun. À mon âge, ce n’est pas anodin."

Si l'opération s'est "bien passée", Nelly Kinowski ne compte pas en rester là. Elle a saisi le service de conciliation du CHU, réclamant une sanction disciplinaire contre l'anesthésiste et une indemnisation pour le préjudice subi. Mais pour la direction de l'hôpital, l'anesthésiste n'a commis aucune faute. "Les interventions programmées se déroulent sur des plages d’environ cinq heures, notamment le matin entre 8h et 13h. La patiente concernée n’a pu être prise en charge pour son intervention qu’à 12h50, rectifie la direction. Les retards et aléas divers peuvent arriver et n’ont rien d’anormal. L’anesthésiste a fait le choix de ne pas lancer l’anesthésie sur ce créneau tardif, l’intervention devant durer un temps supérieur à 10 minutes. Cela dans un contexte où il n’y avait pas de perte de chance pour la patiente. C’est une manière de procéder qui s’inscrit dans des pratiques courantes."

Si sa demande n'aboutit pas, la retraitée envisage de porter plainte. "Je trouve anormal de laisser un malade, c'est de la mise en danger de la vie d'autrui."

[avec La Dépêche du Midi

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de Marc Barthez
50 points
Oto-rhino-laryngologie
il y a 2 ans
A ce niveau, j'appelle cela de la maltraitance: Nous ne sommes pas des caissières de chez Prisunic, nous sommes des médecins, avec le devoir de prendre en charge des patients, même si cela doit bousculer un peu notre confort. Cette attitude devient hélas de plus en plus fréquente chez les anesthésistes qui ont pris le pouvoir dans les blocs opératoires, et ne savent raisonner qu'à travers l'application de protocoles et de recommandations, oubliant totalement qu'il s'agit là d'êtres humains que l'on soigne, et qu'on a avant tout le devoir de les soigner avec humanité. Je suis vraiment content de partir à la retraite, car toute une carrière à travailler comme ça, je crois que je ne l'aurais pas supporté.
il y a 2 ans
Pardonnez mon regard de candide, j'entends bien que le praticien a besoin d'une pause mais je me questionne dans un premier temps sur la cohésion entre confrères puisque le chirurgien, lui, était prêt à poursuivre ses interventions. Je me mets à la place de la patiente et me dis que j'aurais trouvé cela très incohérent. En outre, cette dame de 78 ans s'est surtout sentie, à la lire, traitée comme un simple colis changé d'étagère. Peut-être que si l'anesthésiste lui avait expliqué la prise de retard et la nécessité de reporter l'intervention plutôt que de s'éclipser de la sorte, elle n'aurait pas ressenti les choses ainsi. Ce n'est effectivement pas agréable de se préparer à une intervention sur le côlon pour rien... J'avoue que je n'imaginais pas que cela soit possible hors survenue d'une urgence qui nécessite de réorganiser les blocs. Comment cela aurait-il pu mieux se passer et si cela arrive régulièrement au bloc, comment cela est-il traité habituellement ?
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
À la lecture des commentaires, je m'aperçois que bien peu de monde connait le fonctionnement des blocs opératoires. D'abord et avant tout un peu d'empathie et d'information "loyale" aurait été bienvenue pour la patiente et sa préparation ayant été réalisée, il fallait s'efforcer de réaliser l'examen (souvent ambulatoire) dans la même journée. Ensuite, le programme opératoire doit être négocié par l'ensemble des équipes. Souvent c'est le même anesthésiste qui pratique quand les "opérateurs" se succèdent, notamment en spécialités. Et l'opérateur de 12h30 peut avoir subi des retards liés aux autres interventions quand l'anesthésiste les a enchainées. Ensuite une anesthésie pour une colonoscopie est "à risque". Et une pause de quelques quarts d'heure peut être légitime. Alors peut être l'anesthésiste a fait preuve de "légèreté", peut être l'opérateur n'a pas voulu tenir compte de la disponibilité des autres équipes. C'est comme souvent une situation conflictuelle entre intervenants liée à une organisation non coordonnée qui débouche sur un préjudice pour le patient. En l'absence de la connaissance des circonstances je me garderai bien de "juger".
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2