La relation entre le taux de TSH et la pré-éclampsie définie par une courbe en U

04/04/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Une fonction thyroïdienne maternelle correcte est importante pour que la grossesse se passe sans problème. De nombreuses études d’observation ont évalué l’association entre la dysfonction thyroïdienne chez la mère et l’hypertension et ses complications pendant la grossesse. Cependant, les méthodes, les définitions des anomalies de la fonction thyroïdienne étaient hétérogènes et les résultats discordants. Une équipe internationale a donc fait une revue systématique avec méta-analyse des données individuelles des participants à différentes études dont ils ont invité les auteurs à participer à ce travail du « Consortium sur la thyroïde et la grossesse » afin de partager les données individuelles des participants.

1539 études publiées ont été identifiées dont 33 cohortes ont été considérées comme réunissant les critères d’inclusion et 19 cohortes ont finalement été incluses dans cette méta-analyse après que les auteurs aient accepté de participer en donnant les valeurs des données individuelles. La population étudiée comprenait 46 528 femmes enceintes dont 85.6 % avaient des données suffisantes en termes de bilan thyroïdien (c’est-à-dire TSH et T4 libre et anticorps anti-TPO) permettant de les classer correctement en termes de fonction thyroïdienne. Sur l’ensemble de ces femmes, 1275, soit 3.2 %, avaient une hypothyroïdie infraclinique (TSH entre 4 et 10 mUI/L mais T4 libre normale), 933, soit 2.3 %, avaient une hypothyroxinémie isolée (T4 libre basse avec TSH normale) et 619, soit 1.6 % avaient une hyperthyroïdie infraclinique alors que 337, soit 0.8 %, avaient une hyperthyroïdie patente. En comparaison avec l’euthyroïdie, l’hypothyroïdie infraclinique était associée à un risque supérieur de pré-éclampsie (2.1 % vs 3.6 % ; odds ratio = 1.53 ; 1.09 – 2.15). En revanche, ni l’hyperthyroïdie infraclinique, l’hypothyroxinémie isolée ou la positivité pour les anticorps anti-TPO n’étaient associées à une hypertension gestationnelle ou une pré-éclampsie. En analyse continue, aussi bien les concentrations élevées que les concentrations basses de TSH étaient associées à un risque supérieur de pré-éclampsie (p = 0.0001). Les concentrations de T4 n’étaient associées à aucune des complications analysées. En conclusion, en comparaison avec l’euthyroïdie, l’hypothyroïdie infraclinique au cours de la grossesse est associée à un risque supérieur de pré-éclampsie. Il y a une association avec une courbe en U de la TSH avec la pré-éclampsie. Ces résultats permettent réellement de quantifier le risque d’hypertension gestationnelle et de pré-éclampsie chez les femmes ayant une anomalie thyroïdienne. Ceci permet de définir aussi la cible optimale de traitement chez les femmes traitées par lévothyroxine au cours de la grossesse, mais pour cela des études d’intervention futures sont nécessaires.

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