La leptospirose, souvent appelée "la maladie des rats", reste largement sous-estimée en dépit d'une augmentation des cas en France métropolitaine et de sa présence endémique dans les territoires d'Outre-mer, souligne un numéro spécial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH, n°8-9 du 4 avril 2017).
En France métropolitaine, "pendant les années 2014-2015, un doublement du nombre de cas a été constaté par rapport aux années précédentes, avec plus de 600 cas, et une moyenne de 700 cas dans les départements et collectivités d'Outre-mer, où les conditions climatiques sont propices au maintien dans l'environnement de la bactérie spiralée (leptospire) responsable de la maladie". La majorité des cas survient pendant la saison des pluies. En métropole, l'incidence au cours des années 2014-2015 est "la plus élevée observée depuis 1920" (1 cas pour 100.000 habitants/an) et est "deux fois plus élevée qu'en 2011", ajoutent les auteurs de l’étude parue dans le BEH. Pour le Dr Eric Bertherat de l’OMS, qui signe l’éditorial du BEH, les raisons de cette évolution ne sont pas claires : elle pourrait être liée à l’effet du “changement climatique”, du développement des activités de loisir ou tout simplement d’une meilleure surveillance épidémiologique. La maladie touche particulièrement certaines professions exposées (agriculteurs, éleveurs, égoutiers...) et les adeptes de loisirs en plein air notamment aquatiques (pêche, baignade, kayaking, rafting, canyoning), par contact avec les eaux douces souillées par les urines d'animaux infectés, surtout des rongeurs, mais aussi des animaux sauvages ou domestiques. Après une incubation de quatre à une dizaine de jours, la maladie se manifeste dans la majorité des cas par des symptômes grippaux. Il existe des formes graves avec insuffisance rénale, qui peuvent entraîner une défaillance multiviscérale. Le traitement repose une antibiothérapie précoce (amoxicilline, céphalosporine et cyclines). La maladie, qui "reste un problème de santé publique important dans les territoires français", est par ailleurs "considérée comme une maladie émergente en raison du changement climatique (réchauffement climatique et phénomènes climatiques extrêmes plus fréquents entraînant des inondations) et d'une urbanisation grandissante (transmission par l'intermédiaire des rats dans les zones insalubres de type bidonvilles)" soulignent les auteurs. En France, la leptospirose n'est plus à déclaration obligatoire depuis 1986, mais reste sous surveillance. Il existe un vaccin contre le type de la bactérie le plus fréquemment impliqué pour les professionnels (égoutiers, vétérinaires). Dans le monde, la leptospirose provoque plus d'un million de cas par an, dont 60.000 décès. "Près d'un siècle après la découverte de son agent causal (...) la leptospirose reste la grande oubliée des maladies négligées", regrette le Dr Bertherat, espérant que ce numéro spécial contribuera "à la faire sortir de l'oubli médiatique".
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