Le pasiréotide : un nouvel analogue de somatostatine utile dans le traitement des acromégalies partiellement sensibles aux analogues de somatostatine classiques

05/11/2014 Par Pr Philippe Chanson

Le traitement médical de l’acromégalie fait appel aux analogues de somatostatine de 1ère génération, l’octréotide ou lanréotide. Cependant, un certain nombre de patients traités par ces analogues n’obtiennent pas un contrôle biologique sous ces traitements. La mise au point récente d’un nouvel analogue de somatostatine ayant une affinité supérieure pour certains sous-types de récepteurs a montré son efficacité dans le traitement de l’acromégalie. Une étude dont les résultats ont été récemment publiés dans Lancet Diabetes Endocrinol, l’étude PAOLA, a évalué l’efficacité et la sécurité de deux doses de pasiréotide–retard en comparaison de la poursuite du traitement habituel par octréotide ou lanréotide chez les patients contrôlés de manière insuffisante pour leur acromégalie. Il s’agissait d’une étude multicentrique, randomisée, de phase 3 dans laquelle ont été inclus des patients âgés de plus de 18 ans, contrôlés de manière inadéquate pour leur acromégalie (en particulier IGF1 ≥ 1.3 fois la limite supérieure de la normale) sous 30 mg d’octréotide retard ou 120 mg de lanréotide retard depuis plus de 6 mois. Ils ont reçu soit 40 mg de pasiréotide tous les mois pendant 24 semaines (n=65), soit 60 mg tous les mois pendant 24 semaines (n=65) ; dans le groupe comparatif actif, les patients (n=68) ont poursuivi leur traitement habituel. A 24 semaines, 10 patients (15 %) du groupe pasiréotide 40 mg et 13 (20 %) du groupe pasiréotide 60 mg ont obtenu un contrôle de l’acromégalie (GH < 2.5 µg/l et IGF1 normale) alors que cet objectif n’était atteint chez aucun des patients qui avaient poursuivi leur traitement habituel (différence absolue par rapport aux contrôles = 15.4 %, IC 95 % : 7.6-26.5 ; p = 0.0006 pour le pasiréotide 40 mg et 20 %, IC 95% : 11-31.8, p < 0.0001 pour le pasiréotide 60 mg). Les effets secondaires les plus fréquents étaient l’hyperglycémie, retrouvée chez 21 patients traités par 40 mg de pasiréotide (33 %), chez 19 patients traités par 60 mg de pasiréotide (31 %) et chez 9 (14 %) des patients ayant un contrôle actif et la survenue d’un diabète chez 13 (21 %) des patients sous 40 mg de pasiréotide, chez 16 (26 %) des patients sous 60 mg de pasiréotide et chez 5 (8 %) des patients sous analogue habituel. Des diarrhées étaient également plus fréquentes, présentes chez  10 (16 %) sous pasiréotide 40 mg et chez 12 (19 %), sous pasiréotide 60 mg en comparaison de 3 patients (5 %) chez ceux qui avaient poursuivi leur traitement habituel. Des effets secondaires sérieux ont été rapportés chez 6 (10 %) du groupe pasiréotide 40 mg et 2 (3 %) du groupe pasiréotide 60 mg, et 3 (5 %) du groupe actif. Le pasiréotide apporte donc une efficacité supérieure en comparaison de la poursuite d’un traitement par octréotide ou lanréotide chez des patients mal contrôlés par ce type de traitement. En revanche, comme cela est souligné dans l’éditorial associé, cette supériorité se fait aux dépens d’une augmentation des effets secondaires, en particulier des événements hyperglycémiques et du diabète qui doivent faire discuter, pour chaque patient, la balance bénéfices/risques. 

 
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