Le « cœur brisé »…de bonheur, ça existe aussi !

11/01/2017 Par Dr Alain Trébucq

L’expression populaire « avoir le cœur brisé » a trouvé sa justification médicale depuis la description par des cardiologues et internistes japonais du syndrome de takotsubo (ou tako-tsubo), littéralement piège à poulpe, correspondant à une ballonisation apicale transitoire du ventricule gauche avec des symptômes évocateurs d’infarctus du myocarde. Mais il n’y a pas de coronaropathie sous-jacente et ce syndrome, imputé à une forte décharge de catécholamines survenant après un stress, guérit habituellement sans laisser de séquelle. Toutefois, l'évolution peut être marquée par une rupture du ventricule gauche, ce qui fait de ce syndrome de takotsubo une cause récemment identifiée de mort subite. Avoir le cœur brisé de chagrin a donc un sens médical. Mais selon des chercheurs de l’hôpital universitaire de Zurich (Suisse), ce syndrome du cœur brisé peut également survenir au décours d’un bonheur intense. Le registre InterTAK créé en 2011 dans cet hôpital suisse a permis de colliger les données relatives à 1750 patients pris en charge entre 2011 et 2014 pour un syndrome de takotsubo dans l’un des 9 pays participant à ce registre. Sur ces 1750 patients, 485 ont décrit un choc émotionnel intense, précédent l’apparition des symptômes cardiaques. Mais si ce choc était très majoritairement (96%) à connotation négative, dans 4% des cas, il était décrit au contraire comme lié à un bonheur intense. Dans les deux éventualités, il s’agissait presque toujours de femmes (95%), l’âge moyen étant de 71 ans dans le groupe « happy-heart » et de 65 dans le groupe « broken-heart ». A l’ECG, les deux groupes étaient comparables : sus-décalage du segment ST dans respectivement 50 et 45% des cas, sous-décalage de ST dans 15 et 6%, inversion de l’onde T dans 45 et 40% des cas, bloc de branche gauche dans 5 et 5.1% des cas. Et 95 et 94% des patientes étaient en rythme sinusal. Quant à la ballonisation apicale, elle était retrouvée dans 65% des cas de « happy-heart » et 80% des cas de « broken-heart ». Enfin, la survie à 1 an était respectivement de 100 et 98%.  

 
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