Les hommes ruraux vivent deux ans de moins que les citadins

17/12/2020 Par S. B.
Une étude de l'Association des maire ruraux de France (AMRF) dévoile que les habitants des villes rurales vivent en moyenne deux ans de moins que les urbains. L'espérance de vie à la campagne se dégrade depuis le début des années 2000.
 

"Les habitants du rural vivent deux ans de moins que ceux des villes", constate l'étude réalisée à partir de données de l'Insee par Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier, spécialiste de l'approche territoriale de la santé.  "Le différentiel entre les zones les plus profondément rurales et les zones les plus densément peuplées ne cesse de se creuser au fil des ans", a affirmé l'auteur de "La santé au 21e siècle", aux éditions Berger-Levrault. "L'espérance de vie en prend un coup parce que l'on consomme moins (de soins) et on consomme plus tard. Il y a moins de médecin, les maladies peuvent devenir graves", prévient le professeur.

Le professeur a ainsi observé une "aggravation au cours des trente dernières années entre les départements ruraux et les départements urbains", les hommes étant les plus mal lotis avec 2,2 ans de moins d'espérance de vie à la naissance, contre 0,9 ans chez les femmes. Pour Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l'AMRF et maire du village de Fercé-sur-Sarthe (Sarthe), cette étude confirme "une réalité" qu'il perçoit...

sur le terrain.  Il craint d'ailleurs que la dégradation se poursuive au cours des prochaines années avec l'augmentation des déserts médicaux en raison de nombreux départs à la retraite des généralistes. "Il est évident que dans les 3 ou 4 ans, les chiffres démontreront que l'espérance de vie se sera encore dégradée à la campagne par rapport à la ville", prévoit-il, assurant que le but de cette étude est "d'alerter les politiques" sur la situation de la santé dans les zones rurales. L'AMRF avait publié une autre étude il y a 10 jours qui démontrait que les habitants des régions rurales "consommaient 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes". "Cela démontre, hélas, qu'à force d'être éloignés de l'accès aux soins, les gens ne vont plus ou vont moins chez le médecin ou, quand ils y vont, trop tard", a regretté Dominique Dhumeaux.

Emmanuel Vigneron espère, pour sa part, que ses études "servent à poser les problèmes un peu différemment et à les traiter". Et, souligne-t-il, "je serais ravi que les agences régionales de santé (ARS), dont la mission consiste à réduire les inégalités et à lutter contre elles, s'emparent du sujet pour développer des politiques de prévention particulières à la campagne".   [Avec AFP]

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