"Non Monsieur le ministre, les terroristes ne sont pas des fous"

les mass shootings aux Etats-Unis. Dans les semaines qui ont suivi la fusillade de Columbine en 1999, l'état de Pennsylvanie avait ainsi enregistré une explosion des menaces - notamment d'attaques à la bombe - contre ses établissements scolaires. L'effet Werther, les épidémies de suicides qui surviennent lorsqu'une célébrité met fin à ces jours, est un phénomène largement documenté. Assiste-t-on ainsi à un effet Werther du terrorisme ?
Le stress post-traumatique aussi se transmet bien via les chaînes d'info-live : une étude a démontré que l'exposition plus de 6h à des reportages sur l'attentat du Marathon de Boston avait entraîné chez ses sujets plus de stress post-traumatique que chez ceux qui y avait assisté en vrai. Dans notre société de l'hyperconnection et de l'immédiateté, les images de chaque nouveau fait divers violent se déversent sans filtre sur chaque citoyen. Si même les personnes névrotiques y sont sensibles, alors comment les personnes atteintes de psychose ne le seraient pas ?
Lorsque le délire est franc, l'acte n'est pas revendiqué de façon opportuniste. Cela risquerait de discréditer la cause djhadiste. Gérard Collomb relativise : "ce n'est pas du terrorisme..[..], mais on a de l'imitation. Un certain nombres d'esprits faibles peuvent se laisser entraîner à des actes de mimétisme." Outre le fait que le terme "esprit faible" ne soit pas un diagnostic psychiatrique très précis, ceci rappelle qu'il y a une porosité entre le délire psychotique et la société. S'il prend sa source dans la maladie mentale, le délire s'inscrit dans un contexte social et culturel. Et la construction délirante se saisit alors de ce qui fait soucis dans la société. Se prendre pour Napoléon hier ou un djihadiste aujourd'hui : le délire est un des symptômes de la société. "Chaque culture, après tout, a la folie qu'elle mérite" écrivait Michel Foucault.
Vers la prévention médicale du terrorisme ?
Mais alors comment les psychiatres pourraient-ils intervenir dans cette problématique ? Avec ces fameux protocoles évoqués par le ministre, devront-ils "profiler" leurs patients à risque et à transmettre ces données à la police ? Peu de professionnels semblent l'accepter. "Penser qu'il est facile pour les psychiatres de repérer les terroristes de demain est...
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