Droit de prescription, formation… L'ordonnance de l'Igas pour faire évoluer le métier d'infirmière

30/01/2023 Par S. B.
Paramédicaux
Un nouveau rapport de l'Igas formule une vingtaine de recommandations pour faire évoluer le métier d'infirmière et "poursuivre les transformations en profondeur" du système de santé.

  Alors que la proposition de loi Rist instaurant un accès direct aux infirmières en pratique avancée a été adoptée ce jeudi 19 janvier par l’Assemblée nationale, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur ont demandé à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et à l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) une analyse et des propositions d’évolution de la profession infirmière. La lettre de mission souligne la nécessité de s’appuyer sur les IDE pour "poursuivre les transformations en profondeur" du système de santé et ainsi mieux mobiliser leur expertise, tout en procédant à une "révision de leur formation". Bien que la formation infirmière soit la plus demandée sur Parcoursup, la profession fait l'objet de fortes tensions. "Malgré leur intérêt, ni les protocoles de coopération, ni le développement de la pratique avancée ne suffiront à répondre à ces enjeux. Si de nombreux protocoles de coopération impliquent les infirmiers, l’adhésion des professionnels y est encore faible. Les protocoles souffrent d’un manque de suivi national et d’un manque de clarté sur leur vocation à intégrer ou non, à terme, le socle de compétences infirmier. En parallèle, le développement de la pratique avancée infirmière reste confidentiel et les objectifs quantitatifs fixés sur le nombre d’infirmier en pratique avancée (IPA) ne seront pas atteints", alerte l'Igas dans son rapport.

La mission propose donc de mener, dès début 2023, une concertation sur l’élargissement du champ de compétences des IDE. Sur le sujet très polémique de la prescription, la mission propose d’aller au-delà des actes ponctuels déjà reconnus aux IDE "pour expertiser une compétence de prescription plus globale qui serait délimitée en cohérence avec les missions prioritaires des IDE". Quant à l'accès direct, la mission propose de le réserver aux IPA mais d'élargir la consultation "sur des pathologies précises et dans le cadre des dispositifs coordonnés afin de garantir la bonne articulation avec les médecins". Pour garantir ces évolutions dans un cadre sécurisé, la mission "souligne la nécessité d’investir davantage dans la formation continue des IDE". Dans certains domaines, des formations complémentaires doivent être possibles pour permettre un élargissement des compétences de la profession. "Il serait alors nécessaire de faire la distinction entre le niveau socle de compétences acquises en formation initiale, ouvertes au futur IDE dès l’obtention de son diplôme et un niveau 'expert' avec un champ de compétence élargi acquis par une certification complémentaire", estime le rapport. La formation initiale est également pointée du doigt, notamment après la mise en demeure de la France par la Commission européenne. Le respect de la directive européenne implique donc de porter la formation de 4 200 à 4 600 heures dont 2 300 heures d’enseignement clinique. Ainsi la mission propose que la formation en trois ans comporte 2 300 heures de formation clinique, stages et exercices de simulation en santé et 2 300 heures d’enseignement théorique dont 500 heures de travaux personnels et collectifs encadrés.

Le document plaide également pour la promotion de la collaboration interprofessionnelle via l’exercice coordonné. Certaines missions pourraient même avoir lieu hors protocole tant qu'elles ont lieu "dans le cadre d’un dispositif coordonné, en lien avec un médecin". Malgré les mesures de revalorisation du Ségur, la question de la rémunération est toujours fortement soulevée notamment en établissement, relève le rapport qui préconise d’ouvrir, dès à présent, une réflexion globale sur la rémunération des IDE. "En complément, il est nécessaire de continuer à agir sur les conditions de travail, largement citées comme la première cause de départ d’un poste, voire du métier. Ces conditions de travail sont susceptibles de provoquer une perte de sens, les IDE indiquant n’avoir plus le temps de mettre en œuvre les compétences relationnelles qui constituent le cœur de leur métier, voire de leur motivation professionnelle", note le document. La mission propose également de mieux réguler le développement de l’intérim "dont les effets sur l’organisation globale du travail peuvent être délétères". Enfin, l'évolution de la profession infirmière impliquera une redéfinition législative du métier.

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