Un généraliste interdit d'exercer pour avoir prescrit trop de prégabaline : "Je me sentais démuni"
Il était reproché à ce médecin nantais de 63 ans d'avoir indument délivré 541 ordonnances de prégabaline à 106 patients en quatre ans. A la barre du tribunal correctionnel, mercredi 16 juillet, il a expliqué vouloir "protéger son intégrité physique" face à des personnes "en état de manque".
Cinq ans d'interdiction d'exercice, deux ans de prison avec sursis et 50 000 euros d'amende. C'est la peine infligée, mercredi 16 juillet, à un généraliste par le tribunal correctionnel de Nantes. Les prescriptions du praticien, âgé de 63 ans, avaient fait l'objet de signalements de la part de pharmaciens : entre 2020 et 2024, ce médecin installé dans le nord de Nantes (Pays-de-la-Loire) avait délivré 541 ordonnances de prégabaline à 106 patients. Le généraliste a d'ailleurs été identifié par la CPAM comme le plus gros prescripteur de prégabaline du département.
Jugées indues, ces prescriptions lui ont valu d'être poursuivi pour escroquerie au préjudice de la CPAM, obtention au moyen d'ordonnances fictives ou de complaisance de substances psychotropes, aide à l'abus de ce médicament, prescriptions non conformes, ainsi que mise en danger d'autrui.
A la barre, le prévenu a expliqué s'être senti "démuni" et menacé par des patients "toxicomanes avec des profils psycho-pathologiques" "en état de manque", qui l'avaient connu par le bouche-à-oreille. "A partir d'une certaine heure, je me retrouve confronté à ces personnes qui s'infiltrent dans ma patientèle", a-t-il déclaré. Pour "protéger [son] intégrité physique", il a accepté de leur prescrire de la prégabaline, en dépassant jusqu'à deux fois la dose maximale. "Je n'ai pas su comment faire pour appeler à l'aide", a-t-il plaidé.
L'Ordre des médecins, qui s'était constitué partie civile aux côtés de la CPAM, a toutefois évoqué deux précédentes alertes sur des prescriptions non conformes : en 2011 pour un opioïde, et en 2017 pour un médicament de substitution à l'héroïne.
Le généraliste, qui ne veut pas laisser ses 1285 patients médecin traitant (et 4200 en file active) sur le carreau, pourrait faire appel.
[Avec Ouest France et AFP]
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