Propagande, enfouissement de corps… Un ancien médecin jugé pour sa participation au génocide rwandais
Le Dr Eugène Rwamucyo est jugé, à partir de ce mardi 1er octobre, devant la cour d'assises de Paris pour sa participation au génocide rwandais. Le praticien qui a exercé en Belgique et en France, notamment au Maubeuge (Nord), risque la prison à vie.
Le Dr Eugène Rwamucyo est jugé, à partir de ce mardi, devant la cour d'assises de Paris pour sa participation au génocide rwandais, trois décennies après le massacre de la population Tutsi de ce pays par la majorité Hutu. Le praticien de 65 ans, qui se dépeint comme un spécialiste des questions d'hygiène et d'assainissement, est accusé d'avoir aidé les autorités de son pays à diffuser de la propagande anti-Tutsi et d'avoir participé à des massacres de masse pour tenter de détruire des preuves du génocide.
L'ancien médecin, qui a exercé en France et en Belgique après avoir quitté le Rwanda, est accusé de génocide, de complicité de génocide, de crimes contre l'humanité, de complicité de crimes contre l'humanité et de conspiration en vue de préparer ces crimes. Il risque la prison à vie.
Le procès d'Eugène Rwamucyo est le huitième en France concernant le génocide de 1994, au cours duquel environ 800 000 personnes ont été massacrées.
Selon les procureurs, Eugène Rwamucyo, qui a grandi dans une famille Hutu, a été approché par des militants anti-Tutsi à la fin des années 1980 après avoir terminé ses études en Russie. C'est dans ce cadre qu'il aurait diffusé de la propagande anti-Tutsi des autorités nationales. Alors qu'il enseignait à l'université, il aurait également participé à l'exécution de patients blessés et aurait aidé à les enterrer dans des fosses communes "dans un ultime effort pour détruire les preuves du génocide", a déclaré le parquet, citant des déclarations de témoins.
Un verdict attendu le 29 octobre
De son côté, l'un de ses avocats, Me Philippe Meilhac, a affirmé qu'Eugène Rwamucyo nie tout acte répréhensible et qu'il soutient que l'accusation est basée sur son opposition au Gouvernement rwandais actuel. Selon lui, la participation du praticien à l'enfouissement de corps dans des fosses communes était motivée par le souhait d'éviter une "crise sanitaire" qui se serait produite s'ils avaient été laissés à l'air libre. Durant l'instruction, rapporte Le Parisien, l'ancien médecin a en effet assuré avoir agi pour répondre "à un danger de santé publique", et ce seulement bien après les tueries, pour des corps décomposés. "S’il y avait des gens à sauver, pourquoi nous ne l’aurions pas fait", a-t-il soutenu.
En mai 2010, à la suite d'un mandat d'arrêt international émis par le Rwanda, Eugène Rwamucyo avait été arrêté par la police française sur dénonciation de ses collègues de l'hôpital de Maubeuge (Hauts-de-France), où il travaillait à l'époque.
"Il était ouvertement anti-Tutsi et exprimait publiquement son soutien au Gouvernement génocidaire", a déclaré à l'AFP Me Emmanuel Daoud, avocat de la LDH et de la FIDH, deux organisations de défense des droits de l'homme qui figurent parmi les plaignants. Lors du procès, qui doit se dérouler jusqu'au 29 octobre, une soixantaine de témoins devraient être entendus.
[avec AFP et Le Parisien]
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