Circoncision rituelle : un médecin interdit d'exercer par l'Ordre après le décès d'un bébé

La chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins a sanctionné un généraliste d'une interdiction d'exercer durant trois ans pour avoir pratiqué des anesthésies dans des conditions problématiques dans le cadre de circoncisions rituelles, informe Sud-Ouest. Un nourrisson de deux mois est décédé. 

26/05/2025 Par Aveline Marques
Déontologie

Le 25 mai 2022, un nourrisson de deux mois décédait à Latresne, près de Bordeaux, quelques heures après avoir subi une circoncision rituelle. Si, pour l'heure, aucun lien n'a été établi avec le décès du bébé, la pratique du généraliste ayant réalisé sur le nourrisson plusieurs injections de produit anesthésiant a été mise en cause par l'Ordre des médecins. 

Il est reproché à ce médecin d'avoir réalisé une procédure d'anesthésie loco-régionale "qui excédait sa compétence de généraliste et ne pouvait être mise en œuvre que sous la responsabilité d'un médecin anesthésiste-réanimateur", indique Sud-Ouest, qui cite la décision de la chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des médecins. Il n'aurait pas fait de consultation pré-anesthésique, n'aurait pas pris les constantes et n'aurait pas renseigné de fiche permettant d’assurer la traçabilité des produits injectés ou de connaître les doses utilisées. L'anesthésie a par ailleurs été réalisée "dans une maison d'habitation louée pour la circonstance" - 17 circoncisions ayant été pratiquées ce jour-là - "sans disposer d'une installation convenable et des moyens techniques, notamment de réanimation, suffisants", détaille Sud-Ouest.

Le médecin, mis en examen pour homicide involontaire, a annoncé son intention de contester cette interdiction d'exercer devant le Conseil d'Etat. "Mon client estime avoir seulement pratiqué une anesthésie locale pour laquelle il était parfaitement compétent. Il souhaite s’expliquer devant le juge d’instruction car il est inadmissible pour lui de supporter le soupçon d’avoir tué un enfant. La présence d’un médecin auprès d’un circonciseur est une sécurité. Mais en cas de problème, ils ont leur ordre sur le dos, la justice civile, et éventuellement la justice pénale", réagit son avocat, Me Pierre-Henri Lebrun, auprès de Sud-Ouest.

Quelques semaines auparavant, un autre médecin s'est vu lui aussi infliger une interdiction d'exercer de trois ans pour des circoncisions réalisées à Bordeaux par le Centre de circoncision rituelle. A la suite de plusieurs plaintes de parents, l'Ordre lui reproche l'absence de consultation médicale pré-opératoire, d'avoir confié les visites de contrôle et le suivi des soins à un imam sans compétence médicale, de ne pas avoir pris en charge la douleur et d'avoir immobilisé les jambes d'un enfant avec une sangle.

[avec Sudouest.fr

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 6 mois
Il n'est pas indispensable d'avoir un faux débat sur ce thème. La condamnation du conseil de l'Ordre ne porte pas sur la "religiosité du geste" mais sur la pratique de la médecine. Dans la relation des faits il y a déjà deux ambiguïtés. D'abord l'âge du nourrisson et les recommandations médicales pour procéder à un geste d'anesthésie. Ensuite la technique: l'avocat dit "anesthésie locale" alors qu'il semblerait qu'il se soit agit d'une loco-régionnale.. Non seulement elles auraient dues être réalisées par un anesthésiste et précédées d'une consultation et suivies d'une hospitalisation même de courte durée. Mais toutes deux sont réputées insuffisantes pour le geste et réalisées dans des locaux non adaptés à la sécurité. J'ai suffisamment critiqué l'Ordre dans d'autres circonstances, pour reconnaitre qu'il est dans sa "mission" quand il rend ce jugement. Je pense aussi que le procès, s'il a lieu et c'est probable, n'aura à se prononcer que sur la responsabilité de l'exercice d'une spécialité à risque sans en avoir respecté les règles de sécurité ni en avoir la compétence.
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3 k points
Débatteur Passionné
Biologie médicale
il y a 6 mois
Certains débatteurs argumentent sur le fait que l'aide à mourir en discussion à l'assemblé nationale ne doit pas être considérée comme un acte médical et donc ne relève pas de la pratique médicale. Et l'aide à la circoncision rituelle?
Photo de profil de BERTRAND SCHMITT
1,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 6 mois
Dire qu’il y a des gens dans notre pays qui luttent pour le bien être animal ( plus le droit de tailler les oreilles ou les queues des chiens, et c’est bien) mais qui continuent - pas les mêmes - à tolérer cette barbarie et d’autres encore ( l’infibulation serait encore pratiquée sur notre sol)
 
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