"Misère de nos hôpitaux" : une enquête à Marseille en 1938

On passa ainsi du rez-de-chaussée aux étages et l’on parvint à la terrasse supérieure d’où l’on a une vue incomparable sur le Vieux-Port et la colline de Notre-Dame-de-la-Garde. Le visiteur s'écria enthousiaste :
– Merveilleux, c’est tout simplement merveilleux !
Notre administrateur crut que ce qualificatif s'appliquait à l’hôpital dont il venait de faire les honneurs. Il interrogea doucement :
– En Amérique, avez-vous beaucoup d’hôpitaux qui soient mieux installés ?
Le brave homme fut foudroyé du regard par le Yankee qui répliqua sèchement :
– Yes, à Cuba !
Pour qui sait combien les Américains du Nord ont de condescendance pour les Cubains, le compliment est moins que flatteur pour les hôpitaux de Marseille."
L'enquête se poursuit ainsi par le témoignage affligeant d’un des grands professeurs de l’Hôtel-Dieu de Marseille :
Parbleu, l'Hôtel-Dieu, par exemple, construit pour trois cents lits abrite plus de huit cents malades. Le résultat est attristant. Les malades sont en surnombre dans les salles et nous n’avons pas de chambres d'isolement.
Dès qu’un malade gémit ou délire, il interdit tout repos dans la salle où il se trouve. C’est une chose navrante que des malades soient amenés à voir...
D'accord, pas d'accord ?
Débattez-en avec vos confrères.