Télémédecine, cabinet secondaire… les propositions des ophtalmos contre les déserts

01/06/2021 Par L. C.
Démographie médicale
Après avoir enquêté sur les premières installations entre 2018 et 2020, le syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) a émis des propositions pour améliorer l’accès aux soins oculaires sur l’ensemble du territoire. 
 

Comment réduire encore le délai de rendez-vous chez l’ophtalmo, ce dernier ayant déjà diminué de 7 jours en 2020 ? Et de quelle manière améliorer l'accès aux soins oculaires sur tout le territoire français ? C’est à ces questions qu’a tenté de trouver des réponses le syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof). Ce dernier présentait, le 28 mai, les résultats de son enquête* sur les premières installations sur les trois dernières années. 

“Les flux d’installation ont été importants en 2019 et 2020 et dépassent les cessations d’activité”, se réjouit le syndicat. Sur trois ans, 656 installations en libéral ont été comptabilisées. Et “11% des ophtalmologistes installés l’ont été en 2019-2020”, indique le syndicat qui assure que “l’amélioration de la répartition de l’offre de soins provient uniquement des ophtalmologistes libéraux”. 

Selon le Snof, cela est dû à “l’augmentation progressive des diplômés français et étrangers”, la part des diplômés étrangers ayant plus que doublé depuis 10 ans**, ainsi qu’“au succès...

du cumul emploi-retraite”. “Depuis 2 ans, il s’y ajoute un contingent d’ophtalmologistes salariés conduisant à un excédent d’arrivées depuis 2019.” Selon les prévisions du syndicat, il devrait y avoir une “augmentation des effectifs de 5% dès 2023”. 
 

 

Le syndicat, qui note par ailleurs que les femmes sont devenues majoritaires chez les libéraux (52%), estime néanmoins nécessaire une croissance des diplômés français, au regard de “l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine” et des besoins en soins oculaires.  
 

Un bon maillage territorial ? 

L’enquête menée par le Snof montre que “les premières installations participent à l’amélioration du maillage de l’offre de soin en ophtalmologie”. En effet, les ophtalmos sont particulièrement présents dans les zones peu denses, où il y a moins de 5 ophtalmos libéraux pour 100.000 habitants. “Ils sont 16% à s’y installer, alors qu’on y retrouve aujourd’hui seulement 8% des ophtalmologistes de France”, souligne le syndicat qui précise que ces territoires sont “peu denses en orthoptistes libéraux”. 

“267 territoires de vie-santé ont vu leur densité d’ophtalmologistes augmenter et ceci généralement en dehors des grandes villes”, ajoute-t-il dans une synthèse. Les régions qui sont les plus prisées par les professionnels qui veulent s’installer sont les suivantes : l’Ile-de-France (25%), Auvergne-Rhône-Alpes (11%) et PACA (11%). 

Malgré cela, on remarque un “déficit” dans les zones de moins de 50.000 habitants. En effet, près des trois-quarts des ophtalmos s’installent dans des espaces densément peuplés dans le cadre de leur première installation : ils sont 20% dans les aires de 50.000 à 200.000 habitants (contre 17% pour l’ensemble des ophtalmologistes). 

Ainsi, appuie le syndicat, il est important d’apporter des aides “pour la création et le maintien de cabinets d’ophtalmologie dans les zones sous-dotées”. Mais aussi, de “définir...

les zones où soutenir l’installation des jeunes : zones où la densité ophtalmologique est inférieure à 5 / 100 000 habitants”. Il table sur “un socle d’ophtalmologistes (+/- 500) installés en permanence dans les zones sous-dotées.”   

Plus de sites secondaires 

Pour le syndicat national des ophtalmologistes de France, cela montre la nécessité de développer les “aides à l'installation ciblées”, ainsi que les sites secondaires. Le syndicat constate d'ailleurs que cette dynamique est déjà enclenchée : le nombre d’ophtalmologistes exerçant en cabinet secondaire est passé de 1.293 en 2012 à 3.253 en 2020 (+152% en 8 ans). Dans le même temps, depuis 2012, le nombre de libéraux exerçant dans un cabinet principal a diminué de 5% en huit ans, passant de 4.781 à 4.540 en 2020. 

Si “8% des ophtalmos possédaient un vrai cabinet secondaire en 2019 (réalisation de consultations)”, ils seraient 25% à envisager d’en créer si les conditions étaient attractives, indique par ailleurs une enquête de 2019 du Snof. “C’est un dispositif particulièrement intéressant pour intégrer des ophtalmologistes en période d’excédent d’arrivées sur les départs en retraite comme cela va se produire dans les prochaines années”, défend le syndicat.  

Alors que la quasi-totalité de la profession rejette les téléconsultations dans des magasins d’optique, les sites secondaires offrent “une opportunité d’améliorer fortement l’offre territorialisée dans les 5 à 10 prochaines années”. 

 

 

Source : Snof 

 

Regroupement des praticiens  

Autre façon selon le syndicat d’améliorer le maillage...

territorial : développer le travail en équipe. Ce dernier devrait s’accroître nettement d’ici 2025, estime le Snof. “L’apparition de nouveaux acteurs dans cette équipe (infirmiers, assistants médicaux…) permet d’envisager de faire travailler une partie des orthoptistes en dehors des sites principaux et améliorer le maillage territorial.”   

Si le Snof constate par ailleurs une “tendance nette au regroupement des praticiens" (85% des moins de 40 ans sont en cabinet de groupe, contre 60% pour la moyenne), l’enquête démontre que l’exercice en maison de santé est “rare” et se développe peu, contrairement au cabinet secondaire qui prend de plus en plus de poids.  

 

 

Enfin, les premières installations dans les chaînes de cabinets représentent seulement 15% de l’ensemble (98 sur 656 en 3 ans). On dénombre 50 installations en centres de santé, 42 en Point Vision et 6 pour le Visiologiste. Ces dernières se font souvent dans des agglomérations importantes. “Ils participent donc peu à l’amélioration du maillage territorial”, conclut-il. 

*Ces données des effectifs des premières installations sur les trois dernières années sont issues du fichier de l’ensemble des ophtalmologistes de France tenu par le Snof. Seuls les ophtalmos ayant une première installation en ville ont été retenus. 

**La part de diplômes étrangers en France en 2019 est de 18% 

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