Déserts médicaux : "Il faut renforcer le couple médecin-pharmacien"

Egora.fr : Une récente étude de la Drees a montré que près de 4 millions de Français vivent dans un désert médical. Comment les pharmaciens d'officine ressentent-ils la baisse de la démographie médicale ? Quel est l’impact sur leur activité ?
Philippe Besset : Forcément, la désertification médicale est un problème pour les pharmacies dans les territoires ruraux. Généralement les deux acteurs qui recherchent des médecins sont la mairie et le pharmacien. Vous voyez plein d'annonces de mairie qui sont relayées par les pharmaciens. Moi-même, j'ai cherché un généraliste quand le médecin de mon quartier de 2.500 habitants est parti à la retraite. D'ailleurs, nous n'en avons toujours pas trouvé. Une pédiatre s'est installée, mais ce n'est pas pareil. La relation avec le MG est la relation principale. Les personnes âgées qui habitent dans ce quartier ont envie et besoin d'un médecin de proximité.
A la différence des médecins, notre présence sur le territoire est régulée. L'installation des pharmacies obéit à une réglementation très stricte. Les ARS délivrent des licences d'exploitation d'officines avec des critères démo-géographiques et des critères de transfert, ce qui fait qu'on ne peut pas bouger. Ça a des avantages et des inconvénients. L'inconvénient, c'est que quand un médecin s'en va, on reste car on ne peut pas les suivre. On est donc beaucoup moins libres dans ce sens. L'avantage, c'est que ça génère une rentabilité minimale de l'officine parce que ça limite la concurrence interne.
Préconisez-vous la régulation de l’installation des médecins ?
Je n'ai pas de conseils à donner aux autres professions, je ne me permettrai pas. Je sais que les médecins sont très attachés à la liberté d'exercice. La seule chose que je peux dire, c'est que...
D'accord, pas d'accord ?
Débattez-en avec vos confrères.