"Pour résumer : j'ai passé la nuit à garder les morts"

Le 15 juillet 2016, de minuit à cinq heures du matin, l'équipage de Thomas*, pompier volontaire, stationne sur la Promenade des Anglais, à Nice. Sa mission : veiller sur les corps des victimes de l'attentat au camion bélier. Une nuit d'épouvante qu'il a racontée à son collègue, le Dr Marc Magro. Dans un "livre-mémoire" (Soigner, Ed. First), cet écrivain et urgentiste niçois rend hommage à ces professionnels qui ont secouru les victimes de l'attentat. La cinquantaine de témoignages intimes qu'il a recueillis laisse entrevoir l'horreur, mais aussi et surtout l'humanité. Extrait.
La vie, ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé !
Alfred Hitchcock, cinéaste américain, 1899-1980
"Du 14 au 15 juillet, impossible de fermer l’œil de la nuit. Il me restait une heure trente de garde avant d’enchaîner sur une autre demi-journée de garde, cette fois-ci au centre de traitement des appels (CTA)", dit Thomas, pompier volontaire depuis plusieurs années.
"J’ai pensé me détendre un peu. Mais quand j’ai voulu m’allonger, j’ai été pris de tremblements violents.
J’ai retrouvé mes collègues dans la salle télé de la caserne. On était tous dans le même état. On en a discuté autour d’un café, puis j’ai pris une douche et je suis parti pour le CTA."
15 juillet, 11 h.
Dans la salle du centre de traitement des appels, les quatre écrans plats géants, reliés aux caméras de la police, transmettent en direct les images de la Promenade des Anglais.
"On voyait précisément la zone dans laquelle mon équipage et moi avions...
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