La consommation d’hydrates de carbone davantage corrélée à la mortalité dans le monde que celle de graisses

01/11/2017 Par Pr Philippe Chanson
Nutrition

La relation entre les nutriments, les maladies cardiovasculaires et la mortalité est controversée. En effet, la plupart des données proviennent de populations européennes ou nord-américaines où l’alimentation est prise en excès, ce qui fait donc s’interroger pour savoir si ces données sont applicables à d’autres populations qui mangent moins.

L’objectif de l’étude Prospective Urban Rural Epidemiology (PURE) était donc d’essayer de répondre à ces questions à travers une vaste étude de cohorte épidémiologique portant sur des sujets âgés de 35 à 70 ans enrôlés entre janvier 2003 et mars 2013, dans 18 pays sur les différents continents, et suivis pendant 7.4 années en moyenne. Les pays qui ont participé à cette étude étaient soit des pays riches (Canada, Suède et Emirats Arabes-Unis), soit des pays à niveau de vie moyen (Argentine, Brésil, Chili, Chine, Colombie, Iran, Malaisie, Palestine, Pologne, Afrique du Sud et Turquie), soit des pays à faible revenu (Bengladesh, Inde, Pakistan et Zimbabwe). La consommation alimentaire de 135 335 sujets a été enregistrée via des questionnaires diététiques validés. Les critères d’évaluation principaux étaient la mortalité totale et les événements cardiovasculaires majeurs (pathologies cardiovasculaires fatales, infarctus du myocarde non fatal, accident vasculaire cérébral et insuffisance cardiaque). Au cours du suivi, 5 796 décès et 4 784 événements cardiovasculaires majeurs sont survenus. Une consommation supérieure d’hydrates de carbone était associée à une augmentation du risque de mortalité totale : le hazard ratio du quintile supérieur de la consommation d’hydrates de carbone comparé au quintile inférieur était de 1.28 (IC 95 % = 1.12-1.46, p = 0.0001). En revanche, une consommation supérieure d’hydrates de carbone n’était pas associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires ou de mortalité cardiovasculaire. Mais de manière inattendue, la prise totale de graisses et de chaque type de graisses était associée à une réduction du risque de la mortalité totale (HR du quintile 5 versus le quintile 1 = 0.77 ; 0.67-0.87, p < 0.0001). Pour les graisses saturées, le HR était de 0.86 (0.76-0.99 ; p = 0.008) ; pour les graisses mono-insaturées, il était de 0.81 (0.71-0.92, p < 0.0001) et pour les graisses polyinsaturées de 0.8 (0.71-0.89, p < 0.0001). Une prise de graisses saturées élevée était même associée à une diminution du risque d’accident vasculaire cérébral (quintile 5 versus quintile 1, HR = 0.79 ; 0.64-0.98, p = 0.0049). La consommation totale de graisses et de graisses saturées et non saturées n’était pas non plus significativement associée au risque d’infarctus du myocarde ou de mortalité cardiovasculaire. En conclusion, une consommation élevée d’hydrates de carbone est associée à un risque supérieur de mortalité totale, alors que la consommation de graisses totales et des différents types de graisses semble bien associée à une mortalité totale inférieure. Les graisses totales et les types de graisses n’étaient pas associés à des pathologies cardiovasculaires, d’infarctus du myocarde et la mortalité cardiovasculaire et les graisses saturées étaient même associées de manière inverse aux accidents vasculaires cérébraux. Les recommandations diététiques globales doivent donc être reconsidérées au vu de ces données qui visiblement ne correspondent pas à ce qui est classique dans les pays riches européens ou nord-Américains, caractérisés, rappelons-le, par une surnutrition !

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