Maladie de Parkinson : la recherche avance

10/04/2017 Par Marielle Ammouche
Neurologie

Des études cliniques en cours laissent espérer une amélioration des traitements actuellement disponibles, ainsi que le développement de nouvelles molécules efficaces via, en particulier, l’immunothérapie active ou passive.

200 ans après avoir été décrite par James Parkinson, l’enjeu sociétal de cette pathologie est en passe de devenir majeur. Actuellement, 150 000 à 200 000 personnes sont atteintes par cette maladie en France, qui se situe au deuxième rang des pathologies neurodégénératives après la maladie d’Alzheimer. Environ 25 000 nouveaux cas sont recensés chaque année. Et avec le vieillissement de la population, les experts prévoient un doublement du nombre de personnes atteintes entre 2005 et 2030 (Santé publique France).

Améliorer les traitements actuels

Dans ce contexte, la recherche thérapeutique apparait d’autant plus nécessaire que le traitement actuel reste symptomatique. Il repose principalement sur l’utilisation de médicaments dopaminergiques : L-dopa, agonistes dopaminergiques, et inhibiteurs de monoamine oxydase B, qui renforce l’action de la lévodopa. Cependant, ces traitements n’agissent pas sur la cause de la maladie. Et "il n’y a pas eu de commercialisation de nouvelle molécule dans Parkinson depuis 2007", affirme le Pr Jean-Philippe Azoulay (AP-HM), responsable du centre de coordination inter-régional pour la maladie de Parkinson. Dans les formes plus évoluées de la maladie, on utilise la stimulation cérébrale profonde, dont bénéficient un nombre croissant de patients. "Il y a d’ailleurs actuellement une réflexion nationale dans le cadre du plan Maladies neurodégénératives pour faciliter l’accessibilité aux centres pour la chirurgie car certains sont très embouteillés", précise le Pr Azoulay. Il existe aussi des traitements continus, qui permettent l’injection des produits par deux voies : la voie sous-cutanée (pour l’apokinon) et la voie intra-digestive (pour la dopamine). Mais "ce sont des systèmes lourds. Là aussi, il va y avoir du nouveau. Plusieurs laboratoires travaillent sur de nouveaux solutés pour réduire la taille de ces pompes, les miniaturiser afin d’améliorer le confort du malade", souligne l’expert.

Des essais cliniques prometteurs

Le Pr Jean-Philippe Azoulay participe au programme Dhune, un programme de recherche innovant sur les maladies neurodégérératives, basé sur une approche pluridisciplinaire. Dans ce cadre, il est au cœur des avancées thérapeutiques dans ce domaine de la maladie de Parkinson : "A l'heure actuelle, les choses bougent, il y a énormément de pistes intéressantes", affirme-t-il. Comme dans beaucoup d’autres domaines, l’immunothérapie apparaît prometteuse. Ainsi, elle cible les protéines anti-tau et anti-synucléine, deux protéines neuronales impliquées dans la dégénérescence des neurones à l'origine de la maladie de Parkinson et d’un autre syndrome parkinsonien, la paralysie supra nucléaire progressive. "C’est un grand virage car c’est un traitement physiopathologique des maladies, ajoute le spécialiste. Le but de ces thérapeutiques est de limiter, par des techniques d’immunothérapie active ou passive (vaccination, immunomodulation), la propagation pseudo-virale de ces protéines de cellules à cellules, créant la neurodégénérescence." Ces thérapies seront disponibles dans l’année dans un certain nombre de centres, dont celui de Marseille. Trois protocoles seront en place d’ici fin décembre : deux anti-tau et un anti-synucléine. Par ailleurs, une autre piste consiste à utiliser un chélateur du fer, la défériprone, pour réduire la quantité de fer qui s’accumule au niveau des neurones dopaminergiques et participe à la neurodégénération. De nombreux travaux s’intéressent, en outre, au fonctionnement des réseaux neuronaux dans cette maladie. Il semble ainsi que les canaux SK (canaux potassiques calcium dépendants) jouent un rôle fondamental en contrôlant l’activité des neurones dopaminergiques. Plusieurs équipes de recherche participant au programme Dhune testent actuellement le blocage de ces canaux par différentes substances : le venin d’abeille ou l’apamine, une neurotoxine de ce venin. Les premiers essais montrent un effet neuroprotecteur avec un ralentissement de la dégénérescence des neurones dopaminergiques et un effet sur les signes cliniques.

Favoriser l’intégration des malades dans la société

Cependant, pour Didier Robilliard, président de France Parkinson, "il ne s’agit plus uniquement de soutenir la recherche. Il faut aujourd’hui lutter contre les préjugés et la stigmatisation dont souffrent les personnes touchées par la maladie". C’est pourquoi le thème choisi cette année par l’association à l’occasion de la Journée mondiale Parkinson qui a lieu le 11 avril, est "Changeons de regards sur Parkinson". Une enquête* menée en mars 2017 met ainsi en évidence que la majorité des Français méconnaissent la maladie, sa prévalence, l’âge moyen du diagnostic (58 ans), et ont une vision réductrice des symptômes, les limitant souvent au tremblement. Ils ne perçoivent pas, par ailleurs, les difficultés d’intégration subies par les malades. "La méconnaissance des Français de notre maladie est encore plus forte que ce que nous pensions. Il semble même que la situation se dégrade ces dernières années. Notre campagne “Changeons de regard sur Parkinson”, que nous portons à l’occasion de la Journée Mondiale du 11 avril, est donc plus qu’utile, elle est indispensable !", conclut Florence Delamoye, directrice générale de France Parkinson.   * Enquête B3TSI – Medisite – e-santé.fr pour France Parkinson

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