Un rapport étrille la politique de dépistage du VIH

28/11/2019 Par L. C.
Infectiologie
Dans un avis cinglant publié mercredi 27 novembre, le Conseil national du sida (CNS) met en cause la politique française de lutte contre l'épidémie de VIH, pointant du doigt notamment des manquements dans l'accès au dépistage. 

 

Alors que l'épidémie se poursuit en France, le Conseil national du sida (CNS) publie un rapport mettant en cause la politique de dépistage. Elle juge la situation actuelle "inacceptable, alors que tous les outils permettant d'enrayer l'épidémie sont disponibles, qu'il s'agisse du dépistage du VIH ou des traitements dans leurs différents usages préventifs". Des "retards", des "faiblesses" et des "résultats qui marquent un échec" : pour la commission indépendante, "une remobilisation forte s'impose sur le plan national pour dépasser les obstacles qui perdurent en matière d'accès au dépistage et aux outils innovants de prévention". 

En effet, malgré les "efforts récents", notamment permis par des innovations dans le domaine de la prévention, les indicateurs épidémiologiques restent "stables" et ne montrent aucune réduction de l'épidémie en France. Même si, certaines "données récentes peuvent suggérer l'amorce d'une inflexion", le rapport estime que cela reste à confirmer et estime que la portée demeure, pour l'instant, "limitée". "Aucune évolution favorable n'est observée dans certains groupes de populations clés comme dans certains territoires prioritaires", assène la commission. 

 

30% de découvertes à un stade avancé

Même si la France dispose des outils nécessaires, l'épidémie touche encore de plein fouet "les hommes homosexuels, les femmes et hommes nés à l'étranger, en particulier en Afrique sub-saharienne, qui pour beaucoup se contaminent en France", note le CNS.  

Il dénombre toujours autour de 6 400 découvertes de séropositivité par an en France. Un chiffre stable depuis plusieurs années. Et 30% de ces découvertes présentaient un stade avancé de la maladie. En 2016, 24 000 personnes infectées ignoraient l'être, dont 52% nées à l'étranger. Sur ce total, 9 000 étaient des homosexuels (ce qui représente 38% des non diagnostiqués).  

Selon la commission indépendante, les objectifs fixés par la France pour 2020 ne seront donc pas atteints. Le pays souhaitait arriver à diagnostiquer 95% des personnes infectées, mettre sous traitement antirétroviral 95% de ces personnes diagnostiquées séropositives et traiter avec succès 95% d'entre elles, pour empêcher toute transmission.  

Le Conseil national du sida émet alors dans son rapport une série de propositions pour "mieux adapter le dépistage aux besoins des personnes les plus exposées". Il propose notamment de "démédicaliser" l'offre de dépistage dans les cas où la compétence médicale n'est pas spécifiquement requise. 

L'idée est de "simplifier" l'accès aux tests sanguins classiques, d'augmenter l'offre, trop peu développée, du test d'orientation rapide (TROD) proposé par des associations et de l'élargir à d'autres professionnels de santé comme les pharmaciens et médecins généralistes. Le traitement préventif PrEP pris avant un rapport sexuel, et celui donné après un rapport à risque non protégé, sont d'autres moyens à développer pour enrayer la circulation du VIH. 

Le Conseil national du sida suggère également de faciliter l'accès aux outils de dépistage, notamment de généraliser l'expérience "Labo sans ordo", engagée le 1er juillet 2019 à Paris et dans les Alpes-Maritimes, si les résultats sont concluants. Celle-ci donne accès aux tests VIH dans les laboratoires de ville, sans ordonnance et sans frais, aux assurés sociaux et titulaires de l'AME. 

[avec AFP et le CNS] 

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