Cancers digestifs : que dire au patient sur les thérapies non conventionnelles?

18/04/2022 Par Brigitte Blond
Hépato-gastro-entérologie
Alimentation, jeûne, cannabis, phytothérapie, … Pour parler, de façon éclairée, des thérapies non conventionnelles susceptibles d’être proposées à un patient cancéreux, encore faut-il savoir ce qu’elles recouvrent. Il est nécessaire de rester ouvert, et de mettre le patient en confiance.
 

Les soins de support comprennent l’ensemble des soins et soutiens en dehors des soins spécifiques du cancer (radiothérapie, etc.), c’est-à-dire prise en charge de la douleur, la diététique, la psychologie, l’activité physique adaptée. Y ont été ajoutés, réglementairement, des soins de support complémentaires, tels que la préservation de la fertilité, la sexualité, etc... Les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique, c’est le terme officiel, doivent entrer dans le cadre d’une médecine intégrative, coordonnée avec la cancérologie conventionnelle. Pour que les médecins et les patients puissent en parler sans obstruction au dialogue, l’Association Francophone des Soins Oncologiques de Support (Afsos) a créé des outils accessibles* sur son site, ce qui permet de donner une information minimale et de détailler les conséquences de l’absence de prise de parole. "Le risque sinon est que les patients prennent des risques et soient finalement moins bien traités", prévient le Dr Stéphanie Träger, EMSP CH Rives de Seine, Stains (Afsos). A un moment (assez tôt, une fois passée la consultation d’annonce), les soignants sont donc invités à en parler avec leurs patients, sans leur dire qu’ils y croient ou pas, ce qui disqualifierait d’office.   Interactions et effets toxiques possibles La phytothérapie, par exemple, pose de multiples problèmes d’interactions possibles avec le traitement conventionnel. Qu’il s’agisse d’un principe actif isolé ou du totum (ensemble des constituants) de la plante (pour des effets agonistes, antagonistes ou synergiques), des feuilles ou des sommités fleuries, de phytomédicaments ou de compléments alimentaires, il peut exister des interactions avec d’autres médicaments et des effets toxiques. Pour répondre aux questions sur ces interactions, un livret a été conçu sur 20 des plantes les plus utilisées (téléchargeable sur www.afsos.org ). On peut se fier par ailleurs au site About herbs (avec bibliographie) qui abrite un onglet pour les patients, et à la base pharmacologique Hedrine (https://hedrine.univ-grenoble-alpes.fr ). Le millepertuis, par exemple, associé à l’irinotécan réduit l’efficacité du second.   Pas de régime  Que faut-il penser des régimes cétogènes (pour affamer le cancer) où l’on réduit les apports glucidiques ? On sait juste que 2 heures avant la chirurgie, il est conseillé de donner du sucre pour que le tube digestif fonctionne et ainsi minimise le risque d’effets secondaires et d’infection. Et concernant le jeûne, le réseau NACRe a produit des dépliants pour les médecins et patients qui collige la littérature sur ce sujet : le risque, en jeûnant, est de majorer la dénutrition et la sarcopénie, particulièrement dans un contexte digestif. "Il est sans intérêt aucun en prévention primaire, en termes d’efficacité des traitements anticancéreux et de pronostic", résume le Dr Tragër.   Quid du cannabis ? Le cannabis médical, THC psychoactif et cannabidiol (CBD) dépresseur du SNC, sera-t-il un jour une “pratique non conventionnelle“ ? Il existe en France trois produits utilisés en ATU pour trois indications autres que la cancérologie digestive, mais le cannabis médical pourrait l’être aussi pour atténuer la douleur, les nausées et vomissements (aux États-Unis, après échec des traitements de 1 ère intention) et en soins palliatifs. Depuis mars 2021 en France, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) expérimente le cannabis sous forme d’huile ou de sommités fleuries (dans une sorte de vaporette)
pour 5 indications dont certains symptômes rebelles en cancérologie (douleur, fatigue, nausées et/ou vomissements, troubles du sommeil, inquiétude, perte d’appétit, tristesse). Un livret peut être remis au patient sur la place des pratiques complémentaires dans les soins oncologiques de support. Enfin, l’auto-hypnose peut être utile pour soulager les douleurs. *Référentiel Place des pratiques complémentaires dans les soins oncologiques de support ou sur Les
troubles de la fertilité, www.afsos.org

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La consultation longue à 60 euros pour les patients de plus de 80 ans et/ou handicapés est-elle une bonne mesure ?

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