La supplémentation en vitamine D n’améliore pas la santé musculo-squelettique

15/11/2018 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

Les effets de la supplémentation en vitamine D sur les fractures, les chutes et la densité minérale osseuse sont discutés, particulièrement pour les doses élevées de vitamine D. Une équipe néo-zélandaise s’est donc donné comme objectif de déterminer les effets de la supplémentation en vitamine D sur les fractures, les chutes et la densité minérale osseuse à partir d’une revue systématique avec méta-analyse et analyse séquentielle des essais. Tous les essais randomisés contrôlés menés chez des adultes et comparant des patients recevant de la vitamine D à forte dose soit à des témoins non traités, soit à des patients recevant du placebo, soit à des patients recevant une dose faible de vitamine D, ont été analysés. Les essais avec des interventions multiples, par exemple la co-administration de calcium et de vitamine D, pouvaient être retenus si les groupes étudiés ne différaient que par l’utilisation de la vitamine D. Les essais d’analogues de la vitamine D hydroxylés ont été exclus. En tout, 81 essais randomisés contrôlés, portant sur 53 337 participants, ont été retenus. 42 essais analysaient l’effet de la vitamine D sur les fractures, 37 sur les chutes et 41 sur la densité minérale osseuse. En analyse poolée, la vitamine D n’avait pas d’effet sur les fractures quelles qu’elles soient (36 essais ; 44 790 patients ; risque relatif (RR) = 1 ; IC 95 % = 0.93 – 1.07), n’avait pas d’effet sur les fractures du col fémoral (20 études ; 36 655 patients ; RR = 1.11 ; 0.97 – 1.26) ou les chutes (37 études ; 34 144 patients ; RR = 0.97 ; 0.93 – 1.02). Les résultats étaient équivalents dans les essais randomisés contrôlés de doses élevées de vitamine D en comparaison de faibles doses de vitamine D ou dans les analyses en sous-groupes des essais randomisés contrôlés qui utilisaient des doses de plus de 800 U par jour. Dans les analyses poolées, il n’y avait pas de différence cliniquement significative entre les groupes pour ce qui concernait la densité minérale osseuse quel que soit le site (-0.16 % à +0.76 % sur 1 à 5 ans). Pour les fractures totales et les chutes, l’estimation de l’effet restait dans des limites de futilité pour ce qui concernait les risques relatifs de 15 %, 10 %, 7.5 % et 5 %, suggérant que la supplémentation en vitamine D ne réduisait pas les fractures ou les chutes. Pour les fractures du col, au risque relatif de 15 %, l’estimation de l’effet se situait entre la limite de futilité et la limite inférieure, signifiant qu’il y avait des arguments fiables pour penser que la supplémentation en vitamine D ne réduisait pas les fractures du col de cette importance (on ne sait pas non plus si elle pourrait augmenter les fractures du col !). L’estimation de l’effet de situait entre la limite de futilité à des seuils de 0.5 % pour la fracture du col ou de l’avant-bras et pour la densité minérale osseuse et de 1 % pour le rachis lombaire et le col fémoral, apportant des arguments fiables pour penser que la vitamine D ne modifiait pas ces paramètres de cette importance. Ces données suggèrent donc que la supplémentation en vitamine D ne prévient pas les fractures ou les chutes ou n’a pas d’effet cliniquement significatif sur la densité minérale osseuse. Il n’y a pas de différence entre les effets de fortes doses ou de faibles doses de vitamine D. Il y a donc peu de justification d’utilisation de la vitamine D pour maintenir ou améliorer la santé musculo-squelettique. Les auteurs suggèrent de faire apparaître ces conclusions dans les recommandations cliniques.

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