Le traitement de la ménopause par les estrogènes seuls chez les femmes ovariectomisées apporte-t-il des bénéfices ?

04/10/2019 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Si l’ovariectomie bilatérale est associée à une réduction du risque de cancer du sein (et bien sûr de cancer de l’ovaire !), elle est aussi associée à des conséquences en particulier lorsque l’ovariectomie est précoce, avec une augmentation de la mortalité, notamment imputable à des pathologies coronariennes.

Cette conséquence de l’ovariectomie bilatérale semble contrecarrée par l’administration d’estrogènes. On sait par ailleurs que dans l’étude de la WHI les effets délétères du traitement hormonal de la ménopause étaient certes liés aux estrogènes mais également à l’association avec les progestatifs. Ceci a donc conduit l’équipe des investigateurs de la WHI à ré-analyser les risques associés au traitement par les estrogènes chez les femmes ayant eu une ovariectomie bilatérale et cela en tenant compte de l’âge. 9 939 femmes âgées de 50 à 79 ans ayant eu une hystérectomie avec ovariectomie préalable et faisant partie de la WHI ont été spécifiquement étudiées. Ces femmes recevaient soit des estrogènes conjugués équins à la dose de 0.625 mg par jour, soit du placebo et cela pendant une médiane de 7.2 années. Les effets des estrogènes seuls n’étaient pas significativement différents selon que les femmes avaient eu ou non une ovariectomie bilatérale. Toutefois, l’âge modifiait les effets des estrogènes chez les femmes ayant eu une ovariectomie bilatérale préalable. Lors de la phase d’intervention, les estrogènes conjugués équins étaient associés de manière significative à un effet délétère net : en effet, le hazard ratio pour l’index global (qui tient compte de la survenue d’une maladie coronarienne ou d’un cancer invasif du sein ainsi que des accidents vasculaires cérébraux, des embolies pulmonaires, du cancer colorectal et des fractures du col fémoral) était de 1.42 (IC 95 % : 1.09 à 1.86) chez les femmes les plus âgées (≥ 70 ans). En revanche, l’index global n’était pas élevé chez les femmes plus jeunes (p, pour la tendance en fonction de l’âge = 0.016). Au cours du suivi cumulé, les femmes âgées de 50 à 59 ans ayant eu une ovariectomie bilatérale avaient une réduction du risque de la mortalité globale associée au traitement (hazard ratio = 0.68 ; 0.48 à 0.96) alors que les femmes les plus âgées ayant eu une ovariectomie bilatérale n’avaient pas de réduction de la mortalité globale (p, pour la tendance en fonction de l’âge = 0.034). Il n’y avait pas d’association significative entre la prise d’estrogènes équins conjugués et les complications chez les femmes ayant gardé leurs ovaires, quel que soit l’âge. En conclusion, les effets des estrogènes équins seuls ne sont pas différents en termes de risque de complications chez les femmes qui ont eu une ovariectomie bilatérale ou chez les femmes qui n’en ont pas eu mais on observe certaines différences en fonction de l’âge. Chez les femmes qui ont eu une ovariectomie bilatérale au préalable et celles qui sont âgées de plus de 70 ans, les estrogènes équins ont des effets secondaires au cours de la période de traitement alors que les femmes qui ont eu des estrogènes équins avant l’âge de 60 ans semblent avoir un bénéfice en termes de mortalité sur le long terme.

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