L’essor des thérapies digitales

12/09/2022 Par M. R.-D.
E-santé
Les thérapies digitales (ou DTx) fournissent des solutions thérapeutiques conduites par des logiciels pour prévenir, gérer ou traiter un large éventail de symptômes et de pathologies physiques, mentales et comportementales. Elles connaissent aujourd’hui un essor considérable depuis l’accélération de leurs évaluations cliniques et de la preuve d’une efficacité.  

 

Traitements scientifiquement validés sous forme de solutions numériques (applications mobiles, dispositifs connectés…), les thérapies digitales (DTx) peuvent être utilisées indépendamment ou en lien avec des médicaments, des appareils ou d’autres thérapies. Deux grandes catégories se distinguent. D’un côté, les thérapies numériques qualifiées de "stand alone", c’est-à-dire des soutions de substitution, ayant pour vocation de remplacer un médicament. Elles représentent un nouveau type de traitement à part entière. Et de l’autre côté, les thérapies complémentaires, dites "compagnons", utilisées en association avec un autre type de traitement. Pour Pierre Laurent, CEO de Voluntis, "c’est le début d’une belle aventure clinique et industrielle mais il reste encore beaucoup de travail pour poser les bases de ces nouvelles thérapies et standardiser les référentiels et les guidelines".  

Pourtant, le même niveau d’exigence est observé dans la conception de ces thérapies que pour les traitements médicamenteux avec notamment la réalisation d’essais cliniques pour valider les résultats. L’objectif de ces DTx est de "traiter" les patients à partir d’un suivi de données de santé en modifiant les comportements de ceux-ci afin d’obtenir une réponse clinique, mais aussi d’assurer une surveillance des patients à risque. De nombreuses DTx se développent dans le domaine de la santé mentale. La solution "Deprexis" propose, par exemple, une psychothérapie à distance et personnalisée pour accompagner les patients dans la gestion de leur maladie. Son efficacité a été prouvée par de nombreux essais cliniques, c’est pourquoi elle est déjà remboursée par le Système de Santé en Allemagne et sera bientôt disponible en France. 

 

Un développement au cœur de l’actualité 

Aujourd’hui, plusieurs solutions sont lancées sur le marché européen et de nouvelles les rejoindront très prochainement. La place grandissante de ces thérapies digitales est une certitude, avec plus de 50.000 prescriptions cette année en Allemagne depuis la mise en place du DiGA (Digitale Gesundheitsanwendung). Selon Hélène Moore, general manager de Ethypharm Digital Therapy, "nous aurons tous été exposés à une thérapie numérique d’ici 10 ans". 

Les résultats d’une étude, réalisée en juin 2022 par le groupe Vidal, révèlent qu’en France, 46% des médecins ne connaissent pas les DTx et seulement 9% déclarent en avoir bénéficié ou prescrit à leurs patients. Cependant 30% des médecins se disent intéressés par ces nouvelles thérapies, ce qui laisse espérer qu’avec un accompagnement adéquat, plus de médecins et de patients pourraient bénéficier de ces thérapies numériques. Mais il reste un important travail d’accompagnement à mettre en œuvre pour développer les usages. En ce sens, Etienne Lepoutre de Bliss Dtx a pointé l’impact organisationnel dans le déploiement de ces nouvelles thérapies : "Les DTx ne remplacent pas une solution par une autre plus efficace, elles provoquent une réorganisation plus globale du système de santé et une esquisse d’un plan d’évolution des pratiques".

 

Un écosystème foisonnant porté par des start-up 

De nombreuses start-up de thérapie digitale ont émergé ces dernières années, notamment aux Etats-Unis. Par exemple, "Sleep.io" qui propose un programme d’accompagnement sur mobile pour lutter contre l’insomnie en reconstruisant les cycles de sommeil étape par étape. Autre exemple avec "Welldoc" qui met à disposition une application approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) pour accompagner les patients diabétiques dans leur vie au quotidien et leur alimentation.  

En France, les start-up développant aussi des Dtx ne sont pas en reste. C’est le cas notamment de "Lucine" qui s’adresse aux personnes atteintes de douleurs chroniques. La start-up développe une solution mobile qui mesure et analyse le niveau de douleur pour proposer un traitement personnalisé. Autre exemple avec "Diabeloop" qui permet d’automatiser le traitement du diabète de Type 1 via un pancréas artificiel et un suivi via un écosystème connecté et mobile. Un capteur de glucose est placé sur le patient pour analyser les données en temps réel et calculer la juste dose d’insuline à administrer. 

Un des grands enjeux sera l’adoption par les patients en distinguant ces thérapies des innombrables solutions numériques déjà sur le marché. Le déploiement de ces solutions par l’industrie pharmaceutique sera également un des facteurs de croissance de ce marché.

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