L’antibiorésistance s’est imposée comme un important défi de santé publique. Ainsi, aux Etats-Unis, on dénombre annuellement environ deux millions de cas d’infections à bactéries résistantes, responsables de 23.000 décès. Et dans ce pays, le coût annuel de l’antibiorésistance est estimé à 20 milliards de dollars. Les messages prônant le bon usage des antibiotiques sont devenus universels mais mériteraient sans doute d’être affinés, en ciblant des situations particulières, les patients fumeurs par exemple. Car ceux-ci, à contexte comparable, recevraient plus d’antibiotiques que les non-fumeurs comme en témoignent les résultats de l’étude citée en référence. L’étude a été menée par des spécialistes en santé publique du New-Jersey, Etats-Unis. Ils ont travaillé sur des données de santé couvrant la période 2006-2010, relatives à une population d’adultes non hospitalisés dont le statut tabagique était connu ; tous ces patients étaient pris en charge en ambulatoire pour une pathologie infectieuse, sans préjuger de son origine, virale ou bactérienne, ni de sa localisation. L’échantillon représentatif analysé, portant sur 8 307 consultations, était composé à partir d’un total de 294 millions de consultations. Au total, 49.9% de ces situations infectieuses se sont soldées par la prescription d’un antibiotique. Mais toutes choses égales par ailleurs, un patient tabagique avait une probabilité de recevoir un antibiotique 20% plus élevée qu’un non-fumeur (OR 1.20, IC 95% = 1.02 – 1.42), cette probabilité étant augmentée de 31% en cas d’infection respiratoire (OR 1.31, 1.05 – 1.62). En revanche, le taux de prescription d’une antibiothérapie était globalement plus bas chez les patients de plus de 65 ans. Selon les auteurs, il s’agit de la première étude mettant en évidence, à contexte clinique comparable, une fréquence plus élevée de prescription d’un antibiotique chez les fumeurs. Ces résultats devraient d’une part orienter les messages portant sur le bon usage des antibiotiques et la prévention de l’antibiorésistance, d’autre part être pris en considération par les prescripteurs afin qu’ils évaluent plus rigoureusement l’opportunité d’une antibiothérapie, tout particulièrement quand le patient est fumeur.
