Grande-Bretagne : 42 % des généralistes veulent jeter l'éponge d'ici 5 ans

13/03/2019 Par Yvan Pandelé
International
D'après une étude publiée dans BMJ Open, près d'un médecin britannique sur cinq envisage de quitter ses fonctions dans les deux ans. Pire : 42 % des praticiens du NHS souhaitent arrêter ou se reconvertir à horizon de cinq ans. Une crise des vocations.

  Quand on se regarde, on se désole ; quand on se compare, on se console. En matière de démographie médicale et d'attractivité de la médecine générale, le Royaume-Uni semble engagé sur une piste glissante. D'après une étude parue dans la revue BMJ Open, près d'un généraliste britannique sur cinq (18 %) a l'intention d'arrêter d'exercer dans les deux ans. C'est 5 points de plus que lors de la précédente vague d'enquête, effectuée deux ans plus tôt. Sur un horizon de cinq ans, c'est même deux praticiens sur cinq (42 %) qui prévoient de jeter l'éponge, contre 32 % deux ans plus tôt. L'enquête portait sur 929 médecins du Wessex (sud de l'Angleterre), un peu plus âgés mais globalement représentatifs des médecins britanniques. Le gros de la troupe (39 % de l'échantillon) avait entre 45 et 55 ans. Les généralistes interrogés sont 60 % à s'auto-diagnostiquer un moral en baisse sur les deux dernières années. "La crise de la médecine générale est en train de s'aggraver", résume le Pr Jeremy Dale (université de Warwick), spécialiste en soins de premiers recours et auteur senior de l'étude, dans un communiqué. "Les médecins généralistes sont de plus en plus débordés et pessimistes à propos du futur." Les facteurs mis en avant sont multiples, et finalement peu dépaysants : il s'agit principalement de l'importance de la charge de travail, du temps dévolu aux tâches administratives et à la paperasse, du manque de temps pour prendre en charge le patient, et de l'obligation éventuelle d'organiser une permanence des soins – décidée en 2015, la mesure doit être généralisée d'ici 2020. Un système qui prend l'eau Au-delà de l'effet de pyramide des âges et de l'essor des maladies chroniques, commun à tous les pays européens, le NHS a souffert d'un manque d'investissements structurel. "Il y a eu un désinvestissement général dans les services publics britanniques depuis Thatcher, qui se poursuit d'ailleurs avec le gouvernement actuel", indique le Pr Jean-Michel Chabot, spécialiste en santé publique. Le Royaume-Uni repose sur un système de santé universel et gratuit : le National Health Service, avec qui la quasi-totalité des généralistes sont sous contrat. Or le NHS connaît des conditions d'exercice de plus en plus dégradées au fil des années, et une crise profonde des effectifs. On estime qu'il manque actuellement 10 000 médecins au Royaume-Uni, et les projections sont alarmantes. Pour compenser, le NHS fait appel à des médecins étrangers, en provenance de pays du Commonwealth comme l'Inde et le Pakistan (environ 12 % des effectifs médicaux) et de l'Union européenne (10 %). Sans parvenir à colmater les fuites. Comme un air connu Le Brexit joue-t-il un rôle dans ce marasme, alors que l'échec des négociations semble annoncer un divorce brutal avec le continent ? "Il est possible qu'il y ait un effet indirect", estime Jeremy Dale, interrogé par Egora. "Cela va probablement rendre la crise des d'effectifs au sein du NHS plus difficile à régler, d'où une charge de travail accrue, avec à la clé une baisse de motivation et l'intention de réduire ses heures ou d'arrêter." Le NHS a réagi en lançant en janvier 2019 une réforme majeure du système de santé sur dix ans, le bien nommé "Long Term Plan". Il prévoit notamment de développer les infirmiers de pratique avancée, d'améliorer la coordination avec les autres spécialités, d'investir dans l'innovation technologique et de former davantage de médecins généralistes. Tout ressemblance avec une situation existante…

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