La confusion : facteur de mauvais pronostic

07/10/2022 Par A.V.
Neurologie
Fréquente, la confusion en médecine gériatrique est de mauvais pronostic. Elle s'accompagne souvent d'un séjour prolongé à l'hôpital, d'un déconditionnement physique, d'une surmortalité.  

 

De 23 à 67% des patients âgés hospitalisées pour une insuffisance cardiaque présentent une confusion associée (IC). Un récent article (Han JH. Et al., Plos One, 26 juillet 2022) traite du devenir de ces patients à court terme. "L'originalité de cet article vient du fait qu’ils ont comparé des patients (hospitalisés pour IC avec état confusionnel) ayant un âge moyen de 61 ans avec des patients plus âgés. Ce qui est intéressant et qui n’était pas clairement connu, c'est que le pronostic de complications (perte fonctionnelle, durée de séjour prolongé (+ 64 %), ré-hospitalisations précoces, surmortalité) est tout aussi grave chez des gens jeunes que chez les gens âgés", introduit le Pr Philippe Chassagne, chef du service de médecine Interne - gériatrie du CHU de Rouen. 

La démence favorise la survenue d'une confusion. Et les patients ayant une confusion auront plus de risque d’avoir une baisse rapide de leurs capacités cognitives (Witlox J. et al., Jama 28 juillet 2010). "Il existe une connexion entre ces deux entités. Les personnes âgées avec une confusion ont un risque supérieur d'être admis en institution, de devenir dément, et de décéder rapidement", complète le spécialiste.  

Une méta-analyse de 80 études (Han QWC. Et al. Jamda 2022) a regroupé 88 000 personnes âgées de plus de 75 ans, hospitalisées et souffrant de troubles neurocognitifs majeurs comme la maladie d’Alzheimer. Cette étude s’est intéressée à la fréquence, aux facteurs de risque et aux conséquences de la survenue d'une confusion associée à un syndrome démentiel.  

"La réponse à ces questions est intéressante. Dans une population de personnes âgées ayant un état démentiel, une confusion survient dans 50% des cas, ce qui est majeur. Les facteurs de risque sont de divers ordres. Certains ne peuvent pas être gérés comme être âgé ou être un homme. La polymédication, comportant notamment des psychotropes (antidépresseurs, benzodiazépines, neuroleptiques) est un autre facteur de prédisposition à la survenue de confusion en cas de démence. Par exemple, un patient âgé, dément, hospitalisé, ayant des douleurs persistantes au repos, a 3,2 fois plus de probabilités de développer un état confusionnel. Un patient prenant des psychotropes à 1,6 fois plus de probabilités d’en avoir versus pas de psychotrope. Enfin, en termes de pronostic, chez les patients ayant une association confusion / démence versus ceux ayant une démence seule, la durée d'hospitalisation est plus longue (+3 jours) ; certains ont une diminution de leur indépendance fonctionnelle (-7 points sur l’échelle de mobilité) et la mortalité est supérieure de 45 %", conclut le Pr Chassagne. 

 

La mélatonine n’améliore pas la survenue d’une confusion
Des travaux d’une équipe australienne (Wibrow B. et al. Intensive Care Médecine. avril 2022) ont porté sur l’effet de la mélatonine, versus placebo, chez des patients âgés d’au moins 18 ans, hospitalisés en soins intensifs afin de voir si ce médicament pouvait réduire la fréquence de survenue d’une confusion. "Nous savons qu’un patient hospitalisé en soins intensifs a 80 % de probabilité de développer une confusion pendant son séjour. L’objectif est de savoir si, l’amélioration du sommeil diminue l'incidence de la confusion. Les résultats montrent que la mélatonine ne réduit pas la fréquence de la confusion, ni les conséquences de cette dernière. Elle n'a donc pas d’intérêt à être utiliser en soins intensifs", conclut le Pr Chassagne. 

 

État démentiel et fracture du col du fémur : un mauvais pronostic 
Une équipe suédoise a étudié un registre tenu par l'assurance santé de Suède (Ioannidis I. et al. European Journal of Trauma and Emergency Surgery 2022) pour savoir si, chez les patients qui ont présenté une fracture du col fémoral, le pronostic différait en cas de trouble de la cognition. Environ 135 000 fractures de personnes âgées de 85 ans ont été recensées. Les résultats montrent qu’à âge comparable, en cas de démence, la mortalité est multipliée par deux dans un délai de 30 jours. "C’est considérable. En effet, 6% des patients meurent dans le groupe « non dément » dans les 30 jours versus 12 % dans le groupe « dément », ce qui fait une surmortalité de +67 %. Une autre conséquence de cette association est qu’un patient se cassant le col du fémur et ayant un état démentiel (versus un autre patient du même âge, sans état démentiel), sera plus souvent ré-hospitalisé pour gérer des complications, au premier rang desquelles, par exemple, la survenue d'un accident vasculaire cérébral, dont le risque est mutiplié par 7 dans les 30 jours. Autrement dit, l'association d'un état démentiel et de la survenue d'une fracture prédispose malheureusement à un décès mais aussi à une mauvaise survie", précise le Pr Chassagne.
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