Covid-19 : les signes neurologiques parfois au premier plan

20/04/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Outre la perte du goût et de l’odorat, d’autres signes neurologiques tels qu’une confusion, des convulsions ou un AVC, pourraient faire partie du tableau de Covid-19.
 

Ainsi, selon une étude parue récemment dans le Jama, 36% de 214 patients chinois inclus présentaient des symptômes neurologiques, allant de la perte d'odorat à des douleurs nerveuses, et jusqu'à des crises convulsives et des accidents vasculaire cérébraux (AVC). Pour Jennifer Frontera, neurologue à l'hôpital universitaire Langone à Brooklyn, la question se pose donc de l'impact du nouveau coronavirus sur le cerveau et le système nerveux.
Dans le New England Journal of Medicine, des médecins français de Strasbourg ont décrit que plus de la moitié de 58 patients hospitalisés en réanimation étaient confus ou agités. Des scanners cérébraux ont révélé de possibles inflammations. « Tout le monde dit que c'est un problème de respiration, mais cela affecte aussi quelque chose qui nous est très précieux, le cerveau », dit à l'AFP S.Andrew Josephson, chef du département de neurologie à l'université de Californie San Francisco. « Si vous vous sentez confus, si vous avez des problèmes pour réfléchir, ce sont de bonnes raisons de consulter un médecin », ajoute-t-il. « La vieille idée selon laquelle il ne faut venir que si on est à bout de souffle n'est sans doute plus valable ».

Globalement, les virus peuvent affecter le cerveau de deux façons principales, explique Michel Toledano, neurologue à la Mayo Clinic dans le Minnesota. La première est une encéphalite auto-immune liée à l’ « orage cytokinique », déclenché par la réponse immunitaire anormale.  La seconde est l’encéphalite virale, par atteinte directe du cerveau, via une lésion de la barrière hémato-encéphalique. Certains émettent l'hypothèse que le nez pourrait être la voie d’accès au cerveau, puisque la perte d'odorat est fréquente. Mais ce n'est pas vérifié, et beaucoup de patients ayant ce symptôme n'ont pas de problèmes neurologiques sérieux.
  Pas encore assez de données En réalité, peu de données permettent actuellement d’étayer telle ou telle hypothèse. Une ponction lombaire a été réalisée une fois, chez un Japonais de 24 ans, dont le cas a été décrit dans l'International Journal of Infectious Disease. Il présentait une...

confusion et des convulsions ; et l'imagerie cérébrale montrait des signes inflammatoires. Mais le test n'est pas encore validé et les scientifiques restent prudents. Pour éclaircir ces mystères, Jennifer Frontera, qui enseigne à l'école de médecine de l'université de New York, collabore à un projet de recherche international visant à standardiser la collecte de données. Sa propre équipe a consigné des cas de crises convulsives chez des patients Covid-19 qui n'en avaient jamais fait avant de tomber malades. Les chercheurs ont également observé de minuscules hémorragies cérébrales qualifiées d' « inédites ». Ils cherchent aussi à prélever le LCR d'un quinquagénaire présentant de sévères lésions de la substance blanche. Mais ces prélèvements, tout comme les IRM, sont difficiles à réaliser sur des patients sous respirateur artificiel. Et comme la majorité meurt, on étudie mal les dommages neurologiques.

Ceux qui survivent finissent en revanche par consulter des neurologues. « Nous voyons beaucoup de patients dans des états de confusion », dit à l'AFP Rohan Arora, neurologue à l'hôpital Long Island Jewish Forest Hills. Il affirme que 40% des rescapés du coronavirus sont concernés. On ignore si ces troubles sont durables. Le passage en réanimation, et les traitements utilisés à cette occasion constituent, en soi, des facteurs de confusion. Mais le neurologue constate que le retour à la normale, pour les patients Covid, semble prendre plus longtemps que pour ceux qui ont survécu à une crise cardiaque ou un AVC.

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