"C'était une présence passive mais réelle et sincère" : le président de l'Ordre revient sur sa participation "inédite" à la manif des médecins

16/02/2023 Par M.G.
Déontologie
À l’occasion de la manifestation du 14 février dans la capitale, le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a tenu à rappeler son engagement contre la proposition de loi de la députée Stéphanie Rist, examinée le même jour, au Sénat. Le texte vise à permettre un accès direct aux IPA, kinés et orthophonistes. Situation inédite, il est descendu dans la rue pour prendre part à la mobilisation, avec en première ligne le Dr François Arnault, son président. Il explique pourquoi à Egora. 
 

Egora : Certains médecins reprochent à l'Ordre de ne pas les défendre. Pour la manifestation du 14 février, vous avez tenu à vous mobiliser à leurs côtés. Pour quelles raisons ? 

Dr François Arnault : C’est le projet de loi de Mme Rist qui m’a poussé à intervenir. Ce n’est pas du tout pour des raisons corporatistes. Un des risques, c’est la désorganisation de filière de soins dans les territoires et dans le pays. C’est donc pour cela que je suis intervenu. Nous craignons que la sécurité et la qualité des soins ne soient diminuées du fait de l’application de la loi Rist, et ainsi que se crée une médecine à deux vitesses. Notre mission, c’est l’accès aux soins et la qualité des soins au bénéfice de la population et bien sûr, là on se rend compte qu’il y a un risque. Pour la manifestation du 14 février 2023, nous avons décidé que l’institution devait venir en soutien contre la loi Rist. Mais je n’ai pas pris part à l’intervention pendant la manifestation. Je n’ai pas fait de déclaration, je n’ai pas signé de communiqué commun. C’est une présence passive, mais réelle et sincère, pour défendre les filières de soin et l’organisation du soin.  

 

Est-ce vraiment inédit de la part de l’Ordre ? 

Oui, c’est inédit ! Là, on retire au métier de médecin des actes pour lesquels il est compétent, pour lesquels il a été formé, au profit d’autres professionnels de santé dont les compétences sont certaines dans leurs domaines de compétences respectives. Mais ils n’ont pas été formés à ce qu’on appelle le diagnostic, au diagnostic différentiel et aux choix que cela implique. Ça, c'est le rôle du médecin et c’est ça qui est en cause. Jamais la centralité du médecin n’avait été mise en cause de cette façon. C'est probablement pour cette raison que l’Ordre n’est jamais intervenu auparavant. Là, je pense que c’était nécessaire. Il n’y a pas eu de doute sur cette décision du Conseil national, qui est largement soutenue par l’ensemble de nos structures territoriales.  

 

Qu’attendez-vous du Gouvernement après cette journée de mobilisation ? 

Le Sénat a examiné ce projet de loi le 14 février et a pris des décisions qui ne sont pas toutes défavorables. Les sénateurs ont pris en compte les amendements et des propositions des médecins. Donc la situation est plus satisfaisante qu’avant l’examen du Sénat. Mais nous attendons du Gouvernement qu’il aille plus loin et que l’on trouve un terrain d’entente. Puisque l'objectif, bien sûr, c’est de trouver une porte de sortie, qui ménage la qualité et la sécurité des soins, et de trouver une solution qui emmènera tout le monde vers un accès aux soins. Je pense que c’est le moment de se mette autour de la table et de discuter. Nous espérons obtenir satisfaction sur les demandes que les médecins font.  

 

Êtes-vous optimiste à ce sujet ? 

On parle sécurité, on parle médecine à deux vitesses, on parle de l’accès aux soins pour les personnes les plus défavorisées. Avec cette loi, il y aurait deux catégories de prise en charge : celle faite par des médecins et celle faite par des non médecins. Et ce ne sont pas les personnes les plus favorisées qui n’auront pas accès à un médecin. C'est une vraie question de société. 

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