Photodermatoses : vigilance en particulier chez l’enfant

13/01/2021 Par Brigitte Blond
Dermatologie

La plupart des photodermatoses sont bénignes, ont rappelé les dermatologues réunis lors des Journées dermatologiques de Paris, qui se sont déroulées en virtuel du 1er au 5 décembre 2020. Cependant certaines peuvent révéler une maladie systémique ou génétique. Il faut alors savoir orienter, pour un avis spécialisé. Les photodermatoses témoignent d’une sensibilité exagérée de la peau à une exposition solaire considérée comme normale… Et les enfants, qui doivent être exposés de façon mesurée, encadrée, ne font bien sûr pas exception. La lucite estivale bénigne (LEB), qui survient sur phototype clair lors des toutes premières expositions, est la plus fréquente des photodermatoses de l’enfant en France métropolitaine. Elle touche les zones photo-exposées, visage et décolleté surtout. A la différence d’un lupus cutané, qui est de plus en plus sévère au fil des expositions, la LEB s’atténue avec le temps et les expositions répétées, la mélanine photo-induite permettant de protéger la peau. La solution ? « Une exposition progressive qui déclenche la stimulation de mélanine, ses modalités pouvant être déterminées en fonction de la mesure de la dose érythémateuse minimale qui provoque l’éruption, en milieu spécialisé et à partir de l’âge de 8 ans seulement », propose le Pr Anne-Claire Bursztejn, dermatologue (Département de dermato-allergologie au CHRU de Nancy). Les conseils de photoprotection universels sont ici particulièrement indiqués : pas d’exposition aux heures les plus chaudes (11h-16h) ; chapeau, lunettes, T-shirt et un produit de protection solaire, qui filtre les UVB comme les UVA. Ce sont effectivement surtout ces derniers qui sont à l’origine de la lucite, y compris derrière une vitre. Selon les recommandations de la Commission Européenne, les produits les plus efficaces ont un ratio SPF/UVA-PF< ou = à 3, ce qui veut dire que l’index UVA-PF doit être d’au moins 20 pour un FPS à 50+ (SPF mesuré à 60 et plus). Une protection est d’autant plus conseillée que les coups de soleil pris dans l’enfance favorisent la survenue de mélanomes à l’âge adulte…   Induction de maladies auto-immunes Certaines maladies auto-immunes peuvent être elles aussi induites par l’exposition solaire, mais les lésions, des rougeurs en ailes de papillon ou vespertilio à l’image d’un masque de loup pour le lupus cutané, ou un érythème des paupières et une atteinte du dos des mains pour la dermatomyosite, permettent de faire la différence. L’histoire clinique également : une LEB apparaît au printemps, cède à l’été. Le traitement repose sur les antipaludéens de synthèse, tels l’hydroxychloroquine, pour leurs effets anti-inflammatoires et photoprotecteurs internes, l’objectif étant de limiter les poussées. La prescription est alors séquentielle, d’avril à octobre. L’urticaire solaire, souvent confondu avec une LEB, est exceptionnelle chez l’enfant. Il s’agit d’une réaction d’hypersensibilité immédiate aux UV, voire à la lumière du visible, se manifestant par des plaques érythémateuses, œdémateuses, fugaces, prurigineuses, migratrices. Au-delà des produits de protection solaire, on doit souvent recourir aux anti-histaminiques, en préventif et en curatif, parfois à un traitement immunosuppresseur au long cours. Par ailleurs, certains médicaments, les cyclines ou les quinolones notamment, abaissent le seuil de sensibilité aux UV. La figue, le citron, le céleri, le fenouil ou le panais sont, quant à eux, photosensibilisants, provoquant une réaction inappropriée au soleil, érythème, voire lésions bulleuses. Enfin, le xeroderma pigmentosum est une maladie génétique, autosomique récessive, liée à un défaut de réparation des lésions de l’ADN UV-induites. A la clé, une photosensibilité extrême responsable de la survenue précoce sur les zones photo-exposées de lésions hypo ou hyperpigmentées. Ces dernières font le lit de carcinomes baso ou spino-cellulaires ainsi que de mélanomes, et ce, potentiellement dès l’enfance. « Un avis spécialisé est requis lorsque ces lésions apparaissent tôt dans la vie, dans un contexte de mariage apparenté par exemple », suggère le Pr Bursztejn.

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