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Quand les homéopathes français prétendaient avoir "vaincu le choléra"

Un médecin dont le nez s'allonge
"J'ai guéri un malade devenu si vigoureux que sa femme en devint enceinte à 45 ans", fanfaronne, en 1832, le chef de file des homéopathes français, Sébastien des Guidi. Pour les disciples de Hahnemann, le choléra est l'occasion de faire triompher leur méthode face à la médecine traditionnelle, démunie face à cette maladie qui inspire "une peur bleue" à la population. Alors que les épidémies s'enchaînent, les membres des deux camps s'affrontent à coups de statistiques dans la presse, s'accusant mutuellement de falsifications. Une expérience menée à l'Hôtel-Dieu de Marseille, en septembre 1855, en dit long sur cette ambiance électrique.

 

 

An de grâce 1832 : le choléra déferle sur la France, provoquant 100 000 morts. Trois ans plus tard, le médecin allemand Samuel Hahnemann, fondateur de l'homéopathie, s'installe à Paris. Pour les adeptes de la "doctrine nouvelle", qui a essaimé dans toute l'Europe, le choléra est l'occasion de faire progresser la cause, en démontrant sur le terrain la supériorité de leur méthode sur la médecine traditionnelle, qualifiée d'"allopathie" par Hahnemann.

"Hahnemann lui-même rédige deux opuscules traduits en français dont l’un porte sur les soins à donner contre la maladie*. Munis de ces conseils, des homéopathes se portent au-devant du choléra parfois sous la forme de véritables missions", explique l'historien lyonnais Olivier Faure, qui a analysé la correspondance échangée entre le "messie" Hahnemann et ses disciplines français.

 

La MEP au temps du choléra

Leur chef de file, le comte et médecin Sébastien des Guidi, rapporte à son maître une guérison miraculeuse dans une lettre datée du 25 avril 1834 : "J'ai guéri un malade devenu si vigoureux que sa femme en devint enceinte à 45 ans, lui-même en ayant 64, se vante le noble d'origine napolitaine. L'enfant est venu au monde. On voulait lui donner un prénom. J'ai fait donner celui de Samuel."

À la même époque, le Dr Guillaume Doin, médecin à Versailles, se disant guéri du choléra, confie des brochures à deux médecins militaires débutants, leur conseillant de soigner le mal par la camphre. "Cette cure si rapide et complète obtenue sous les yeux des personnes les plus prévenues contre l'homéopathie a plus fait en faveur de cette doctrine que tout ce que j'avais pu dire ou faire jusque-là", écrit le "miraculé".

Le récit de ces "miracles" suscite des conversions chez les médecins traditionnels...

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