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E-santé : "Les médecins sont, avec les patients, les premiers utilisateurs et bénéficiaires de ces solutions"

Le numérique en santé, en particulier la télémédecine, a contribué à une bonne organisation des soins durant la crise sanitaire. Malgré tout, des réticences demeurent. D’où la nécessité de bien informer les acteurs sur l’utilité et les possibilités de ces solutions. C’est l’objectif de la conférence "Les Grandes tendances de la e-santé", dont la sixième édition, qui se tiendra le 25 janvier en partenariat avec Egora, est ouverte aux professionnels de santé. Interview de Jérôme Leleu et Damien Mouveroux, président et directeur conseil d’Interaction Healthcare, société organisatrice. 

Egora-Le Panorama du médecin : Les "Grandes tendances de la e-santé" fêtent leurs six ans. Quel bilan dressez-vous de cet événement et quels sont les enjeux de cette édition 2022 ? 


Jérôme Leleu

Jérôme Leleu : Interaction Healthcare, spécialisée dans l'accompagnement des acteurs qui souhaitent mettre en place des stratégies et solutions de santé numérique, a lancé cet événement en 2016. La démarche de veille et d'information sur les innovations en e-santé a toujours fait partie de l'ADN de notre entreprise. Nous sommes également présents depuis plusieurs années au CES de Las Vegas*, où la French Tech et la thématique de la santé sont bien représentées. Il y avait donc une volonté de partage des découvertes du CES : présenter des start-up françaises, des innovations… 

Lors de la première édition des Grandes tendances de la e-santé, en 2016, nous avions réuni 180 participants, puis au fil des années, jusqu'à 600 en présentiel. Pour des raisons logistiques, nous avons décidé il y a deux ans de passer à une conférence sous forme de WebTV afin de nous permettre d'accueillir plus d'inscrits. L'an dernier, ils étaient plus de 2200! Cet événement est devenu un moment fort de la e-santé en France, réunissant tous les acteurs.  

Alors que dans cette crise sanitaire, la santé numérique a contribué à une bonne organisation, nous avons souhaité cette année dépasser l'écosystème de la e-santé en ouvrant l'événement aux professionnels de santé qui sont, tout comme les patients, les premiers utilisateurs et bénéficiaires de ces innovations..Nous sommes persuadés que la majorité des professionnels de santé sont plutôt bien disposés face aux technologies de santé, mais il faut pouvoir les accompagner et les former.  

 

Après l'échec du DMP, le lancement imminent de "Mon espace santé", qui fera l'objet d'une intervention du ministère et de la Cnam, va-t-il selon vous permettre une vraie numérisation et un vrai partage des documents et informations santé du patient? 

Je ne sais pas si cela va fonctionner, mais la méthodologie et l’approche de co-construction adoptées sont importantes. Il y a une volonté aujourd'hui de la Cnam, du ministère de la Santé et de l'Agence du numérique en santé de mobiliser tous les acteurs : les acteurs du numérique, avec 30 sociétés pré-sélectionnées pour construire ce nouvel espace, mais aussi les professionnels et les patients. L'une des intervenantes de la première table-ronde consacrée à tous les chantiers "portés par les institutions publiques afin de soutenir les solutions de e-santé", est une patiente. Elle ne sait pas encore ce qu’est "Mon espace santé" ; son quotidien est celui d'un désert médical et non celui d'un patient hyperconnecté. Ce qui montre que, comme pour beaucoup de sujets en santé, il faut avoir une démarche de prévention, d'explications, de vulgarisation. Nous aurons également l'intervention du Dr Jean-Louis Fraysse, qui a participé au déploiement du pilote "Mon espace santé" dans son département. La réussite du dossier pharmaceutique nous montre qu'on est capable de le faire, si les conditions sont réunies. 


Damien Mouveroux

Damien Mouveroux : Le DMP n'a pas fonctionné car il était peut-être trop précoce. Le lancement de "Mon espace santé" se fait dans un contexte propice. Ces dernières années, en particulier avec le Covid, les usages des patients ont changé : ils ont pris l'habitude de faire beaucoup de choses à distance, ils sont désormais aptes à utiliser l'outil. Mais tout va se jouer sur la communication et la pédagogie, qui passeront aussi par les professionnels de santé. Si l'on veut que cela améliore le parcours du patient, il faut que tous les soignants soient impliqués. 

J. L. : 26 millions de personnes ont téléchargé l'application Tous Anti Covid. Je ne pense pas que toutes étaient motivées initialement pour l’utiliser. Il y a sans doute eu un effet "coercitif", mais l'on voit en tout cas que ce n'est pas un problème d'équipement même s'il faut prendre en compte que l' "illectronisme" touche de 5 à 13 millions de personnes, qui n'ont toujours pas accès aux smartphones et au numérique. Cette application répond à un besoin, avec une facilité d'utilisation via le QR code. Si demain c'est plus simple d'accéder à son dossier médical, les patients utiliseront Mon espace santé.  

D.M. : Il faudra aussi être vigilant sur la question de la sécurisation des données de santé. L'un des enjeux sera aussi de faire de la pédagogie sur cette question, de rassurer sur l'utilisation purement statistique des données et leur sécurisation pour éviter qu'une certaine méfiance ne s'installe. 

 

Une table-ronde sera consacrée à la télémédecine. Son usage, qui a explosé lors du premier confinement, va-t-il survivre à l'après crise-sanitaire ? Sous quelles formes ? 

J. L. : Dans une situation également  "imposée" due à la situation sanitaire de la Covid19, la seule solution c'était le recours à la télémédecine. De même, dans le contexte des déserts médicaux, ça peut également éviter un déplacement. Mais tout dépend de l'usage à chaque étape du parcours du patient. Quand un médecin voit un patient pour la première fois, ou dans le cas d'un problème de santé mentale, il a souvent besoin de l'avoir en face de lui. Après la première vague, certains médecins sont revenus en arrière. La télémédecine est sans doute plus intéressante dans le renouvellement d'ordonnance, dans le suivi de pathologies chroniques, des situations où patients et médecins se connaissent et vont pouvoir gagner du temps. Il faut bien sûr que le cadre réglementaire favorise cet usage. 

D.M. : Je pense effectivement que la téléconsultation, quand on sortira de cette crise, va un peu reculer. En revanche, la téléexpertise et la télésurveillance vont progresser. Les médecins sont en demande de solutions qui leur permettent d’échanger entre confrères pour des avis médicaux. Les applications de télésurveillance...

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