"Ubérisation de la médecine", "outil de secours" : la téléconsultation bouleverse l’exercice des médecins

C’est un véritable boom. Une renaissance, presque. Alors que la pratique peinait, depuis septembre 2018, à se développer, l’épidémie de Covid-19 et, en particulier, les mesures de confinement mises en place dans le pays ont ouvert grand les portes à l’usage de la téléconsultation. Face aux patients désertant les cabinets au grand dam des médecins, ces derniers n’ont, pour bon nombre, pas eu d’autre choix que de s’y mettre pour maintenir une activité.
Plusieurs mesures de facilitation ont progressivement été mises en place. Le ministre de la Santé a, dans un premier temps, décidé de lever l’obligation de passer par son médecin traitant et d’avoir eu une consultation présentielle les 12 mois précédant la téléconsultation. Et depuis le 18 mars, l’Assurance maladie prend en charge à 100% l’ensemble de ces actes, jusqu’au 30 avril prochain. En parallèle, plusieurs grandes plateformes, comme Doctolib, ont proposé leurs services gratuitement aux praticiens.
Résultat : le nombre d’actes a explosé en quelques jours. Sur la semaine du 23 au 29 mars, l’Assurance maladie a facturé 486.369 téléconsultations. La semaine suivante, près d’un million d’actes l’ont été (935.746). D’après la Cnam, les médecins libéraux sont 38.240, soit environ 40%, à avoir facturé au moins une téléconsultation la même période.
“La donne a changé”
“Certains médecins font des journées entières de téléconsultations et voient jusqu’à 40 patients par jour quand ils sont bien organisés”, constate le Dr Jean Tafazzoli, fondateur de MaQuestionMédicale, une plateforme entièrement financée par la communauté médicale lancée en mai 2019. Plus de 2.300 médecins utilisent désormais quotidiennement l’outil, contre 250 en novembre. Et rien que sur le mois de mars, 2 millions de visiteurs ont été comptabilisés. “Avant l’épidémie, 10.000 téléconsultations avaient été réalisées sur le site, aujourd’hui, on est à plusieurs milliers d’actes par jour. On entre dans une autre cour de récrée”, se réjouit le fondateur, également médecin généraliste à La Tour-de-Salvagny (Auvergne-Rhône-Alpes). Sans abonnement...
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