Etat de santé de la population : des tendances inquiétantes chez les femmes

11/05/2017 Par Marielle Ammouche
Santé publique

La dernière édition du rapport de la Drees sur l’état de santé de la population française met en évidence que, malgré une mortalité en baisse globalement et pour la plupart des pathologies chroniques, les comportements à risques perdurent et sont responsables d’une importante mortalité prématurée, en particulier chez les femmes.

  Si les Français sont globalement en bonne santé avec une baisse de la mortalité pour la majorité des maladies chroniques entrainant une augmentation de l’espérance de vie dans les deux sexes, le poids de décès prématurés et l’incidence des maladies chronique ne régresse pas. C’est ce qui ressort du rapport 2017 sur "l’Etat de santé de la population en France" publié le 11 mai par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et Santé publique France. Ce document de référence de 400 pages fournit des informations sur 200 indicateurs, permettant ainsi de dressé un tableau de la morbi-mortalité des français aujourd’hui, ainsi que des inégalités géographiques et sociales dans ce domaine. L’espérance de vie en France est parmi les plus élevée d’Europe confirme le rapport : 85 ans pour les femmes, 78,9 ans pour les hommes. Elle progresse et l’écart entre les sexes se réduit : + 1,2 an en 10 ans chez les femmes, et + 2,2 ans chez les hommes. La mortalité toutes causes continue de diminuer, pour toutes les classes d’âges, pour les deux sexes. Les cancers et les maladies cardiovasculaires représentent respectivement 27,6 et 25,1% des causes de décès en France. Cette évolution à la baisse concerne la plupart des maladies chroniques : cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, diabète…. Cependant, même si elle diminue, la mortalité prématurée (avant 65 ans) représente encore un décès sur cinq. Cette tendance à la baisse est moindre chez les femmes (-15 %) que chez les hommes (-23 %) sur la période 2000-2013. La mortalité prématurée est deux fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Les auteurs du rapport soulignent aussi que près d’un décès prématuré sur 3 (30%) serait évitable par une réduction des comportements à risque. Cette mortalité évitable est trois fois plus importante chez les hommes. En outre, "l’incidence des maladies chroniques ne régresse pas, et la prévalence, déjà importante, est en forte hausse, notamment du fait du vieillissement de la population et de l’allongement de l’espérance de vie", affirment la Drees, dans un communiqué accompagnant le rapport.   Evolution inquiétante de certains comportements à risque Par ailleurs, le rapport met en évidence la persistance de comportements à risque. Ainsi, le tabagisme reste élevé et ne baisse pas chez les femmes. Il concerne au quotidien 19% des cadres et 42% des ouvriers non qualifiés. Ce tabagisme a des conséquences majeures sur la morbidité des femmes. Chez elles, en effet, l’incidence du cancer du poumon et le taux d’hospitalisation pour exacerbation de Bpco augmentent fortement (+136 % d’hospitalisations entre 2000 et 2014). "L’une des causes principales de ces évolutions défavorables est connue : il s’agit du tabac, dont la consommation chez les femmes ne diminue pas depuis ces 40 dernières années. Elles sont près d’un quart à fumer quotidiennement, la réduction du tabagisme reste donc un enjeu de prévention majeur", insiste Michel Vernay (épidémiologiste, Santé publique France) Concernant l’alcoolisme, si la consommation quotidienne est en baisse, ce n’est pas le cas des comportements d’alcoolisation ponctuelle importante (API, ou binge drinking) : "entre 2010 et 2014, le pourcentage de personnes ayant eu au moins une API dans l’année est passé de 36 % à 38 % parmi les 18-75 ans, et de 52 % à 57 % parmi les 18-25 ans", précise la Drees. Le surpoids concerne aujourd’hui la moitié des adultes, et l’obésité un sur six. En outre, les infections sexuellement transmissibles sont en augmentation : entre 2012 et 2014, le nombre de diagnostics a augmenté de 12 % pour les infections à Chlamydia, et de 25 % pour les gonococcies.   Des inégalités sociales et territoriales importantes Enfin, les inégalités sociales et territoriales sont marquées. Ainsi, l’espérance de vie des hommes cadres à 35 ans est de 49 ans, soit 6,4 ans de plus que celle des hommes ouvriers. Les enfants d’ouvriers souffrent toujours davantage de surcharge pondérale et de mauvais état de santé bucco-dentaire que les enfants de cadres. On observe également des variations importantes des taux de mortalité et de morbidité entre les régions. En métropole les écarts d’espérance de vie entre les régions peuvent aller jusqu’à 4 ans pour les hommes et 2 ans pour les femmes. Par exemple, les accidents vasculaires cérébraux et la Bpco sont plus fréquents dans les Hauts-de-France qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes. "Les inégalités territoriales de santé s’expliquent en grande partie par les différences de structures démographiques et sociales d’une région à l’autre. Certaines expositions environnementales ou une inégale répartition de l’offre de soins sont aussi des facteurs de disparités territoriales", explique la Drees. Bien que leur situation ne soit pas homogène, les départements et régions d'outre-mer (Drom) se caractérisent globalement par une natalité plus forte, un âge maternel plus bas, et une situation socio-économique moins bonne du fait d’un chômage élevé. De nombreux indicateurs, notamment ceux en périnatalité y sont plus défavorables qu’en Métropole » ajoute Sylvie Rey, (cheffe de projet en santé publique, Drees).  

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